16.11.09

Ils rêvent à des stratagèmes, des plans s'élaborent, des décisions sont prises. Kafka et Kraus élimineront la vermine. Une fois pour toutes.
Les féroces et les rusés boivent en silence, retenant leurs longs cheveux de tomber devant leurs yeux. Le vin allume leur génie.
J'ai nommé Jack Bannantyne et Tommy Moriarty. Buvez et dégustez-le tous, ceci est mon Latour versé pour vous.
Ubu: Buvez, assassins! L'heure est venue d'anéantir les lettrés, à commencer par les deux clowns de service.
les serviteurs déposent une multiplicité de bougies au centre du cercle et se dispersent après avoir versé le vin dans de larges coupes.)
(Tintement de cloches; les lumières s'éteignent d'un coup; des flammes vacillantes se rapprochent lentement...
Ubu: Le temps, Oh assassins, est à la rectitude, à la méthode. Les nuages mauves courent dans le ciel et leurs guimauves s'étendent au loin.
C'est ainsi que Kafka et son double, Kraus, vinrent s'asseoir sous les aisselles du patriarche et de sa gonzesse famélique.
Les élus de choix étaient sans conteste ceux qui avaient réussi à laisser pousser leurs ongles à des degrés qui frisaient le grotesque.
Une fois le rituel accompli, les ongles d'orteils comparés, les seize s'agenouillèrent sur des coussins autour d'Ubu et Sigrid.
Cahin-caha, ils tirèrent tant bien que mal sur leurs chaussettes minces ou épaisses, sèches ou trempées selon le tempérament de chacun.
Les assassins s'assirent en indien devant Ubu et Sigrid et, grimaçant, ils s'abandonnèrent encore une fois aux caprices du gros zouave.
Les assassins prirent place un à un selon un rite établi depuis des lustres: par ordre de grandeur de leurs ongles d'orteils.
Château Latour (Magnum) 1982 Pauillac, 1er Grand Cru Classé 150 cl, Vin rouge. 6417.90 euros par caisse de 6.
Pendant ce temps, les hommes louches (qui n'étaient en fait que les serviteurs stoïques de nos deux bonzes) préparaient le vin sacré.
La porte grinça comme dans un conte de fée et les assassins littéraires armés jusqu'aux grandes dents du loup entrèrent à la queue leu leu.
Mais entrez donc! s'écria Ubu.
Sigrid retrouva son air contri et soigneusement vint échoir sur la chaise à côté dans un petit pouf dont seul son cul connaît les secrets.
Entrez, fit grandiloquement Ubu, suivi d'un pet sec qu'il couvrit tant bien que mal en se raclant la gorge et en tirant sur sa chaise.
Ubu s'étant égaré dans la jupe de Sigrid se redressa comme un piston, releva d'abord un sourcil, puis sa fermeture éclair. Ziiiiiiiiiiiiiip.
Au même instant, l'immense porte qui, à des mètres de la pièce vide, ressemble à un petit rectangle perdu, laisse retentir un preux toc toc.
Saoulés par l'outrageuse finesse de leur esprit, ils se relèvent en faisant semblant de s'embrocher tout en piaffant de joie: ouladiadialou!
À son tour, Ubu se met à roucouler. Et les deux badins sur leur chaise, emportés par leur enthousiasme, tombent à la renverse.
Puis, dans un gloussement sonore haut perché, ponctué d'un tressaillement continu du bassin (qu'elle a très large), elle pousse un Oh!
Sigrid devient tout d'un coup rougeaude. Sa tête austère et sévère de fondamentaliste facho ballotte au bout de son cou. Elle s'échauffe.
Ubu: J'ai nommé : la liste des assassins littéraires.
Ubu: Parbleu! La liste cherchée, désirée par les deux idiots qui me cherchent noise et qui méritent d'être épluchés au plus vite!
Sigrid: Quelle liste, vieux cachotier?
Ubu: C'est la liste bougre de merdre!
Sigrid: Qu'est-ce donc alors père Ubu que cette chose qui traîne sur la table opaline et que vos mains velues recouvrent avec tant de grâce.
Ubu: Ce n'est pas, non plus, la poitrine éclatée de la poule toute fumante qui, chaude de son sang, rassasie la panse.
Ubu: Mère Sigrid, ce qui, devant vous, brûle les yeux, ce n'est pas, pour une fois, les boyaux épicés du cochon.
Sigrid: Ô grand maître de l'ordre de la Gidouille, que vois-je sous mon nez? Serait-ce le repas impérial tant attendu?
Tout au fond de la pièce, deux micros. Un homme & une femme se regardent, presque en transe, ce sont Ubu Roi & Sigrid Undset, Nobel de 1928.
Une grande pièce trop éclairée. Plusieurs hommes louches. En cercle. À des tables vêtues d'une seule nappe blanche.

17.6.09

Buboneka: sixième chapitre

Les funérailles de Dahlia furent sans flafla. Inconsolable, Tommy pleurait comme une Madeleine. Jack, impassible, regardait la scène de loin.

Penché au-dessus du cercueil, Tommy se lamentait à coups de pourquoi et de je t'aime. Jack s'allumait une ixième Dunhill, Beretta pas loin.

Jack avait-il tué Dahlia volontairement? Se vengeait-il parce que Tommy avait supposément couché avec Naïma? Tout cela n'était pas net.

Tout s'éclaircit lorsque Tommy chuchote à son oreillette «OK je les vois». Jack répond «moitou» et se dirige vers le cercueil.

Mais récapitulons: Tommy devait être furax contre Jack, à moins qu'il ne lui ait pas dit comment Dahlia était partie ou qu'il lui ait menti.

Jack avait tt les raisons du monde d'en vouloir à Tommy, qui l'avait rendu cocu en couchant avec Naïma qui, elle, était censée ê morte.

Coucher avec la femme de son meilleur ami, c pas cool, qu'elle soit morte ou vivante. Donc pourquoi les 2 hommes semblent-ils complices?

C'est que 2 hommes présents aux funérailles semblaient suspects, déplacés, inconnus. Et malgré l'émotion, Tommy restait vigilant: pour l'honneur.

Même si l'honneur n'est qu'un mot, de l'air, qu'il fond au soleil comme la neige, Tommy reste centré sur son objectif: trouver les bouchers.

C'est à ce moment que le iPhone de Jack retentit d'une sonnerie funk rappelant la période Watermelon de Herbie Hancock. «Jack, c'est Naïma.»

C'était la voix suave et douce de feue Naïma, pas de doute. Tommy disait donc vrai ou n'était-ce qu'une hallucination causée par l'émotion?

Naïma: Écoute Jack, je n'ai pas bcp de temps & on me surveille constamment. Fais confiance à Tommy, il est en contact avec nous.

Jack: Qui ça, «nous»? Je t'ai enterrée il y a à peine 3 semaines, la cérémonie m'a coûté une fortune. C'est quoi ce délire paranormal?

Constatant que Jack s'énervait, Tommy, malgré l'émotion, lui fit comprendre de s'éloigner du cercueil de Dahlia: ne pas attirer l'attention.

Naïma: C'est compliqué, je t'expliquerai devant une bonne bouteille de scotch bien vieilli, promis. Tu m'aimes toujours?

Jack raccroche & dépose un bouquet d'iris sur la tombe de Dahlia. Le curé termine son oraison funèbre: «Vous avez affermi la foi...

vous avez exterminé les hérétiques; c'est le digne ouvrage de votre règne, c'en est le propre caractère. Par vous, l'hérésie n'est plus:

... Dieu seul a pu faire cette merveille.»

Tommy chuchote dans son Bluetooth: «Qu'est-ce que t'as, Jack?»

Jack: Rien. Je t'expliquerai plus tard. C'est pas l'endroit ni le temps d'en parler. Mais aie pas peur, on va se parler entre 4 yeux.

Tommy: OK. T'as vu les 2 gorilles en noir derrière la mère de Dahlia? Tu les connais? On dirait 2 tueurs à gages...

Jack: Non, mais j'ai l'impression qu'on va pas tarder à faire connaissance. Ils fittent vraiment pas dans le décor. Très surréaliste.

Les 2 gorilles en question ressemblaient à Men in Black: vestons, pantalons, cravates, lunettes & souliers noirs; chemises blanches.

La foule éplorée regrettait la défunte pendant que ce western urbain se dessinait en coulisses; les larmes coulaient comme le vin à Cana.

La mère de Dahlia se lamentait bruyamment, il semblait que des larmes de sang tombaient de ses joues, telle une mystique christique.

Cette femme (Rosa) s'écroula à genoux en criant vers le ciel pourquoi elle et pas moi! En effet, sa vie valait moins que celle de sa fille.

Le ciel qui semblait l'avoir entendue se noircit puis se remplit de nuages gris que le vent transportait en canons électriques.

Alors que la pluie se mettait à rafraîchir la foule assistant aux funérailles, le tonnerre sec & lourd gronda tout près.

Puis un éclair transperça le ciel obscurci & finit sa trajectoire sur Rosa. Paix ait son âme. Dieu l'avait presque exaucée. À 1 morte près.

Pendant que la foule se remettait de ses émotions, Bill & Bob (les gorilles) s'étaient approchés de Tommy. Pour l'instant, pas de panique.

Tommy: Jack, l'heure de la grande révélation approche. Je le sens. Enfin on sera libéré de nos vies de fonctionnaires littéraires!

Jack: De kossé? Dahlia avait raison: t'es vraiment timbré depuis la mort de Naïma. Et tu penses que tu l'as sautée récemment... Soigne-toi.

Tommy semblait s'imaginer que Bill & Bob allaient lui annoncer qu'il était le Messie, ou mieux, sa réincarnation.

Tommy s'appuyait sûrement sur le look Tarentino des 2 colosses mais était en plein délire: il allait se faire péter la gueule, point final.

Jack: La Terre appelle Tommy. Je viens d'allumer. C'est la garde rapprochée du pusher de Dahlia, ça sent le fond de tonne. Déguerpis!

Mais déjà une main patibulaire s'abattait sur l'épaule de Tommy avant même qu'il n'ait pu embrayer vers sa Matrix 2009. Ça regardait mal.

Bill & Bob: Suis-nous Tommy, ce sera plus simple. Toi aussi Jack. Vous ne serez pas déçus.

Bill & Bob: suis-nous Tommy, ce sera plus simple. Toi aussi Jack. Vous ne serez pas déçus.
Mais déjà une main patibulaire s'abattait sur l'épaule de Tommy avant même qu'il n'ait pu embrayer vers sa Matrix 2009. Ça regardait mal.
Jack: La Terre appelle Tommy. Je viens d'allumer. C'est la garde rapprochée du pusher de Dahlia, ça sent le fond de tonne. Déguerpis!
Tommy s'appuyait sûrement sur le look Tarentino des 2 colosses mais était en plein délire: il allait se faire péter la gueule, point final.
Tommy semblait s'imaginer que Bill & Bob allaient lui annoncer qu'il était le Messie, ou mieux, sa réincarnation.
Jack: De kossé? Dahlia avait raison: t'es vraiment timbré depuis la mort de Naïma. Et tu penses que tu l'as sautée récemment... Soigne-toi.
Tommy: Jack, l'heure de la grande révélation approche. Je le sens. Enfin on sera libéré de nos vies de fonctionnaires littéraires!
Pendant que la foule se remettait de ses émotions, Bill & Bob (les gorilles) s'étaient approchés de Tommy. Pour l'instant, pas de panique.

16.6.09

Puis un éclair transperça le ciel obscurcit & finit sa trajectoire sur Rosa. Paix ait son âme. Dieu l'avait presque exaucée. À 1 morte près.
Alors que la pluie se mettait à rafraîchir la foule assistant aux funérailles, le tonnerre sec et lourd gronda tout près.
Le ciel qui semblait l'avoir entendue se noircit puis se remplit de nuages gris que le vent transportait en canons électriques.
Cette femme (Rosa) s'écroula à genoux en criant vers le ciel pourquoi elle et pas moi!. En effet, sa vie valait moins que celle de sa fille.
La mère de Dahlia se lamentait bruyamment, il semblait que des larmes de sang tombaient de ses joues, telle une mystique christique.
La foule éplorée regrettait la défunte pendant que ce western urbain se dessinait en coulisses; les larmes coulaient comme le vin à Cana.
Les 2 gorilles en question ressemblaient à Men in Black: vestons, pantalons, cravates, lunettes & souliers noirs; chemises blanches.

11.6.09

Jack: Non, mais j'ai l'impression qu'on va pas tarder à faire connaissance. Ils fittent vraiment pas dans le décor. Très surréaliste.
Tommy: OK. T'as vu les 2 gorilles en noir derrière la mère de Dahlia? Tu les connais? On dirait 2 tueurs à gages...
Jack: Rien. Je t'expliquerai plus tard. C'est pas l'endroit ni le temps d'en parler. Mais aie pas peur, on va se parler entre 4 yeux.
Tommy chuchotte dans son BlueTooth: "Qu'est-ce que t'as, Jack?"

10.6.09

vous avez exterminé les hérétiques; c'est le digne ouvrage de votre règne, c'en est le propre caractère. Par vous, l'hérésie n'est plus:
... Dieu seul a pu faire cette merveille."
Jack raccroche & dépose un bouquet d'iris sur la tombe de Dahlia. Le curé termine son oraison funèbre: "Vous avez affermi la foi...
Naïma: C'est compliqué, je t'expliquerai devant une bonne bouteille de scotch bien vieilli, promis. Tu m'aimes toujours?
Constatant que Jack s'énerve, Tommy, malgré l'émotion, lui fait comprendre de s'éloigner du cercueil de Dahlia: ne pas attirer l'attention.
Jack: Qui ça, "nous"? Je t'ai enterrée il y a à peine 3 semaines, la cérémonie m'a coûté une fortune. C'est quoi ce délire paranormal?
Naïma: Écoute Jack, je n'ai pas bcp de temps & on me surveille constamment. Fais confiance à Tommy, il est en contact avec nous.
C'était la voix suave et douce de feue Naïma, pas de doute. Tommy disait donc vrai ou n'était-ce qu'une hallucination causée par l'émotion?
C'est à ce moment que le iPhone de Jack retentit d'une sonnerie funk rappelant la période Watermelon de Herbie Hancock. "Jack, c'est Naïma."

8.6.09

Même si l'honneur n'est qu'un mot, de l'air, qu'il fond au soleil comme la neige, Tommy reste centré sur son objectif: trouver les bouchers.
C'est que 2 hommes présents aux funérailles semblent suspects, déplacés, inconnus. Et malgré l'émotion, Tommy reste vigilant: pour l'honneur
Coucher avec la femme de son meilleur ami, c pas cool, qu'elle soit morte ou vivante. Donc pourquoi les 2 hommes semblent-ils complices?
Jack avait tt les raisons du monde d'en vouloir à Tommy, qui l'avait rendu cocu en couchant avec Naïma qui, elle, était censée ê morte.
Mais récapitulons: Tommy devait être furax contre Jack, à moins qu'il ne lui ait pas dit comment Dahlia était partie ou qu'il lui ait menti.

3.6.09

Tout s'éclaircit lorsque Tommy chuchotte à son oreillette "OK je les vois". Jack répond "moitou" et se dirige vers le cercueil.
Jack avait-il tué Dahlia volontairement? Se vengeait-il parce que Tommy avait supposément couché avec Naïma? Tout cela n'était pas net.
Penché au-dessus du cercueil, Tommy se lamentait à coups de pourquoi et de je t'aime. Jack s'allumait une ixième Dunhill, Beretta pas loin.
Les funérailles de Dahlia furent sans flafla. Inconsolable, Tommy pleurait comme une Madeleine. Jack, impassible, regardait la scène de loin.

2.6.09

Buboneka: cinquième chapitre

Jack était toujours sous le choc lorsqu'il arriva chez Dahlia. Comment
Tommy pouvait-il avoir couché avec Naïma?

Ils avaient assisté à son enterrement. Une cérémonie sobre à l'image
de la défunte qui préférait œuvrer dans l'ombre de son mari, Jack.

Naïma écrivait des romans jeunesse, des BD coquines et de la poésie
naïve et épurée. Elle n'aspirait pas à la célébrité:

être invitée à Tout le monde en parle ne figurait pas dans ses plans
de carrière. C pour ça que Jack en était tombé amoureux: son humilité.

Jack, lui, ne faisait pas dans la dentelle: chaire de recherche sur la
littérature électronique; poésie axée sur les "listes obsolètes".

Entre 2 conférences sur la littérature hypermédiatique, Jack écrivait
des polars d'une centaine de pages: c'était son gagne-pain principal.

Il aimait introduire des citations d'auteurs célèbres dans les
dialogues de ses personnages, citant amplement la Littérature et le
Mal.

"De même que l'horreur est la mesure de l'amour, la soif du mal est la
mesure du bien." était sa citation préférée: pas un porte-bonheur.

La mort de Naïma avait remis en cause sa quête d'absolu littéraire,
contrairement à Gauvreau suite au suicide de Muriel Guilbeault.

Jack ne trouvait aucune beauté baroque sur son chemin, et tentait
d'extraire le mal de sa mort en poursuivant son (ou ses) assassin.

L'autopsie n'avait pas clairement révélé par combien de personnes
Naïma avait été assassinée. La balle dans la bouche lui avait été
fatale.

C'était la seule conclusion précise du coroner. Nombre de balles
retrouvées: 6. Nombre de blessures: 12. Litres de sang perdus: 5.

Après la mort de Naïma, Jack s'était intéressé aux séries policières:
CSI, 24, The Sopranos, Alias, Bones, et aux extravagances de Nip/Tuck.

Ses choix de lecture avaient aussi évolué, passant de Danielewski à
Stieg Larsson et autres policiers suédois comme Henning Mankell.

Ce changement de perspective avait chamboulé sa vie: il s'improvisait
détective voire médium étant devenu sensible à l'imperceptible.

Tommy, lui, traînait avec Jack depuis le collégial, et enfilait les
jeunes femmes comme il troquait les petits boulots sans importance:

correction d'épreuves, traduction ad hoc, plomberie à l'occasion et
réparation de tout genre: un homme à tout faire, manuel &
intellectuel.

Il écrivait même une fiction par Twitter traitant de morts
énigmatiques & dont le titre, Buboneka, était aussi impénétrable que
l'intrigue.

Dahlia, elle, gagnait sa vie en dansant, et pas pour les Grands
Ballets canadiens. Street dance. Danse de pôle. Danse à 10$.

Elle excellait également dans les métiers dérivés comme escorte,
masseuse et arnaqueuse. C'était la fuck friend du moment pour Tommy.

Elle était tombée dans l'oeil de Jack alors qu'li venait de perdre sa
femme, et comme la chair est faible, mais que la sienne était ferme...

Bon... Maintenant que tu comprends mieux qui est qui & qui couche avec
qui, Lecteur, continuons ce fascinant récit, veux-tu?

Dahlia habitait un loft luxueux dans le Mile End qui donnait sur le
mouvement continuel du boul. St-Laurent.

Une foule bigarrée y courait clubs, restos & pubs. On pouvait humer
l'odeur des bagels fraîchement cuits depuis son lit King Size, le
matin.

Dahlia avait décoré son chez soi d'oeuvres d'art reçus de ses amants:
bronze de Benito, partitions de Dvorak, peintures de Bacon.

Malgré ses études sommaires, Dahlia appréciait la finesse de l'art
autant que le soin qu'elle portait aux délices qu'elle prodiguait.

Il ne se passait une journée sans qu'elle ne fasse une halte sommaire
au cagibi pour siroter un thé au bleuet tout en tweetant sur son
Berry.

Pourtant, cette dernière journée avait été tellement agitée qu'elle
avait sombré dans un racoin de son loft un verre de Pomerol à la main.

Vêtue d'un déshabillé vert pomme, elle parcourait, agitée, son espace
de 1000 pieds, le toc de ses talons aiguilles attisant sa rage.

Que diantre pouvait foutre ce pauvre Jack! Elle semblait enfin le
tenir! Et s'il changeait d'idée. Le plan tomberait encore à l'eau.
Dehors, la pluie laissait entendre une variété de sons étranges et
glauques qui s'harmonisaient avec le pouf et les lanternes marocaines.

Sous l'effet anabolisant de l'alcool, elle avait l'impression de se
trouver sous la mer en proie au vertige abyssal des profondeurs.

Sa tête se mit à tourner, valse lente et syncopée. Et si elle faisait
fausse route? Si Ubu en fin de compte n'existait pas?

Comme son souffle, elle retint cette pensée tout en longeant les murs
de livres qui, dans son sanctuaire, faisaient office de séparation.

Elle tenta de se changer les idées en ouvrant une page du premier
livre qui lui tomba sous la main.

« Il y a une angoisse acide et trouble, aussi puissante qu'un couteau,
et dont l'écartèlement a le poids de la terre, une angoisse en
éclairs. »

Artaud lui arracha un cri dont la violence se répandit aux bras et
descendit jusqu'aux ongles propulsant du même coup le livre de ses
mains.

Le livre et ses éclairs de feu bleu s'envola dans un bruissement
d'ailes de papier. Regarde, lecteur, cet OVNI qui consume l'espace.

Comparé à la rage de Dahlia, la puissance que le livre déploie dans sa
course ressemble à un éparpillement, un épuisement, une gifle froide.

C'est un chien qui s'ébroue, un tutu de texte mal léché, un parachute,
un paratexte, un paramerde de pages apostoliques impuissantes.

Vois! La langueur déprécative des poésies qui flochent et falquent
dans la glaise et la fardoche alors que Dahlia, bleue de rage,
s'ébroue.

La petite midinette à l'autre bout dans sa jaquette de pomme, au même
moment, voit le livre que l'on regarde depuis déjà trois quatre
posts...

Elle le voit, dis-je, comme nous, s'enrouler sur lui-même, hommage au
rouleau et à tous les supports techniques qui préfigurent le tweet.

Et roulant ainsi de post en post dans l'air pluvieux qui nous sépare,
lecteur, elle, oui, elle, bien roulée comme elle est, se redresse...

C-c C-x intrusion externe de mon chat qui, sautant sur le clavier,
s'immisce dans l'intrigue à notre insu. C-c C-x : de l'explo-félin.

Hey, T.J., loop this mix.

Et roulant ainsi de post en post dans l'air pluvieux qui nous sépare,
lecteur, elle, oui, elle, bien roulée comme elle est, se redresse...

Les nerfs du cou actionnent les petits muscles internes faisant
basculer vers le haut la tête dahlienne de notre personnage.

Ses yeux (à Dahlia) rattrapent le mouvement du livre (vous n'avez pas
oublié le livre, j'espère) s'y collent, s'y agglutinent, bleu irisé.

Une mouche, ces yeux, celle de la mort, celle de Duras qui, patiente,
observe le travail des mots déboucher sur la mort d'une mouche.

Écrire le mot écrire alors qu'on écrit sur une mouche au beau milieu
d'une histoire de meurtre, c'est une mise en abyme?

Non. C'est une diversion.

Cela (tout ce que je viens d'écrire sur l'écriture et tout ce qui
précède, Dahlia, le livre, le loft) permet de synchroniser la
rencontre...

Celle du livre et de Jack. Ou, pour être plus précis, la figure de
Jack, le personnage entier, bien sûr, mais surtout: sa face.

Le livre virevolte, donc, dans la face de Jack qui venait tout juste
de franchir, sans avis, la porte.

Assommé, Jack voit des étoiles, des éclairs et au loin une silhouette
d'où rejaillit en écho un cri -- le cri d'Artaud? Non: dahlien.

Il ne faut tout de même pas s'imaginer qu'il allait rentrer avec des
fleurs, c'est son Beretta au bout des doigts qu'il tenait
délicatement.

D'instinct. Parce que ça sent le roussi depuis quelques posts et parce
qu'on ne couche pas si facilement avec les demoiselles en tutu.

Le doigt tendu sur la gâchette, sur le coup, s'est tendu. La balle
s'est glissée à l'extérieur de la chambre, par la fenêtre, après
avoir...

... touché la chair. La chair est triste hélas, surtout lorsque c'est
celle de Dahlia, perforée aux reins par une balle encore chaude: pan!

Dahlia s'écroule. Les yeux restent en l'air, avec le bleu, flottant,
comme un gaz qui s'échappe vers le ciel et le corps valse au sol.

20.5.09

Malgré ses études sommaires, Dahlia appréciait la finesse de l'art autant que le soin qu'elle portait aux délices qu'elle prodiguait.
Dahlia avait décoré son chez soi d'oeuvres d'art reçus de ses amants: bronze de Benito, partitions de Dvorak, peintures de Bacon.
Une foule bigarrée y courait clubs, restos & pubs. On pouvait humer l'odeur des bagels fraîchement cuits depuis son lit King Size, le matin.
Dahlia habitait un loft luxueux dans le Mile End qui donnait sur le mouvement continuel du boul. St-Laurent.

13.5.09

Bon... Maintenant que tu comprends mieux qui est qui & qui couche avec qui, Lecteur, continuons ce fascinant récit, veux-tu?
Elle était tombée dans l'oeil de Jack alors qu'li venait de perdre sa femme, et comme la chair est faible, mais que la sienne était ferme...
Elle excellait également dans les métiers dérivés comme escorte, masseuse et arnaqueuse. C'était la fuck friend du moment pour Tommy.
Dahlia, elle, gagnait sa vie en dansant, et pas pour les Grands Ballets canadiens. Street dance. Danse de pôle. Danse à 10$.

11.5.09

Il écrivait même une fiction par Twitter traitant de morts
énigmatiques & dont le titre, Buboneka, était aussi impénétrable que
l'intrigue.
correction d'épreuves, traduction ad hoc, plomberie à l'occasion et
réparation de tout genre: un homme à tout faire, manuel &
intellectuel.
Tommy, lui, traînait avec Jack depuis le collégial, et enfilait les
jeunes femmes comme il troquait les petits boulots sans importance:
Ses choix de lecture avaient aussi évolué, passant de Danielewski à
Stieg Larsson et autres policiers suédois comme Henning Mankell.
Ce changement de perspective avait chamboulé sa vie: il s'improvisait
détective voire médium étant devenu sensible à l'imperceptible.
Après la mort de Naïma, Jack s'était intéressé aux séries policières:
CSI, 24, The Sopranos, Alias, Bones, et aux extravagances de Nip/Tuck.

8.5.09

C'était la seule conclusion précise du coroner. Nombre de balles
retrouvées: 6. Nombre de blessures: 12. Litres de sang perdus: 5.
L'autopsie n'avait pas clairement révélé par combien de personnes
Naïma avait été assassinée. La balle dans la bouche lui avait été
fatale.
Jack ne trouvait aucune beauté baroque sur son chemin, et tentait
d'extraire le mal de sa mort en poursuivant son (ou ses) assassin.
La mort de Naïma avait remis en cause sa quête d'absolu littéraire,
contrairement à Gauvreau suite au suicide de Muriel Guilbeault.
"De même que l'horreur est la mesure de l'amour, la soif du mal est la
mesure du bien." était sa citation préférée: pas un porte-bonheur.
Il aimait introduire des citations d'auteurs célèbres dans les
dialogues de ses personnages, citant amplement la Littérature et le
Mal.
Entre 2 conférences sur la littérature hypermédiatique, Jack écrivait
des polars d'une centaine de pages: c'était son gagne-pain principal.
Jack, lui, ne faisait pas dans la dentelle: chaire de recherche sur la
littérature électronique; poésie axée sur les "listes obsolètes".

6.5.09

être invitée à Tout le monde en parle ne figurait pas dans ses plans
de carrière. C pour ça que Jack en était tombé amoureux: son humilité.
Naïma écrivait des romans jeunesse, des BD coquines et de la poésie
naïve et épurée. Elle n'aspirait pas à la célébrité:
Ils avaient assisté à son enterrement. Une cérémonie sobre à l'image
de la défunte qui préférait oeuvrer dans l'ombre de son mari, Jack.
Jack était toujours sous le choc lorsqu'il arriva chez Dahlia. Comment
Tommy pouvait-il avoir couché avec Naïma?

23.4.09

Buboneka: quatrième chapitre

André groove au son de Ripplegroove et crie Dance, Bitches Dance pendant qu'il se demande que faire des 3 corps: la rousse Fred & le barman.

André obéit à des ordres supérieurs, suit un plan, le Big Picture, que Balthazar et Dahlia ne semblent pas connaître.

"Ils le connaîtront assez tôt" se dit André alors qu'il termine la vodka canneberge, le Jack Daniels et le Flamming Moe des 3 macchabées.

Pendant que Fisftful of Haggis du Charlie Hunter Trio joue sur le iPhone d'André, il entend une autre sonnerie. "André Breton, j'écoute."

Ubu: André, je suis content que tu aies reçu le message de Sigrid. Tu sais que nous comptons sur toi pour éradiquer le déshonneur.

André: Oui, ensemble nous mettrons un terme à la putasserie. La femme-enfant occise, le poète urbain décapité et l'alcoolique verre vide.

Ubu: Oui André, c'est ça. Mais méfie-toi de Balthazar il faut continuer de l'inclure dans le plan, confonds-toi en excuses. Embrasse Dahlia.

André raccroche. Il siffle les dernières notes de Lazy Susan (Charlie Hunter, encore) et jette les corps dans sa poche de hockey CCM.

Balthazar se ronge les ongles, se verse un Glendronach. Un temps. Il ajoute un glaçon, puis deux. Il jette le verre par terre. Sacre.

Balthazar (à lui-même): Tabarnak! Qu'est-ce qu'il fait ce débile? Je vais encore me taper la job de nettoyage. Et Dahlia, ostie d'incapable.

Balthazar reçoit un texto d'André: "Rejoins-moi tel que convenu". Balthazar sourit. Peut-être qu'André est moins con qu'il n'en a l'air.

Balthazar: "Dahlia? Tout va bien. André se conduit en pro, finalement." Balthazar charge son Colt Python comme l'aurait fait Yves Montand.

Il l'avait acheté après avoir vu Police Python 357 avec Montand & Stefania Sandrelli. Quoiqu'il préférât celui de Dirty Harry, ce magnum 44.

I know what you're thinking. Did he fire 6 shots or only 5? Well, to tell you the truth, in all this excitement I kind of lost track myself.

But being as this is a 44 Magnum the most powerful handgun in the world & would blow your head clean off u've got to ask yourself 1 question

"Do I feel lucky? Well, do ya, punk?" Alors que Balthazar fantasme d'être Dirty Harry, Dahlia s'impatiente, pète les plombs.

Dahlia: Comment ça il se conduit en pro? Il était censé abattre sa butch d'ancienne prof, pas faire un carnage sur St-Denis!

Balthazar: Écoute Dahlia, je connais André depuis 20 ans, il a toujours été imprévisible mais il n'a jamais déconné. Fais-lui confiance.

Dahlia s'allume une clope pendant que Balthazar ricane. Franchement relax pour un gars dont le partenaire semble avoir disjoncté.

Dahlia: Fuck la confiance Balthazar! J'ai pas envie de retourner en tôle. Pas pour une gang de lettrés frustrés en tout cas. Si au moins...

Balthazar: Si au moins quoi? Si on avait des couilles? Si on était plus braves comme ton Tommy? Comment vont ces hallucinations, au fait?

Dahlia: Fuck off Balt. Je sais que j'ai accepté de jouer le jeu, mais ça faisait pas partie du deal que Tommy vire crackpot. Ni les meurtres

Balthazar: Qui ne tente rien n'a rien chérie. Et rappelle-toi les paroles d'André: "Il n'y a que le merveilleux qui soit beau."

Dahlia: Ta gueule avec tes citations à la con. Je vais me charger d'André personnellement, Ubu ou pas, pis au diable Sigrid la ste-nitouche.

Balthazar nettoie le barillet de son Colt Python, le charge. Il sifflote une mélodie de Hammerstein.

Il se verse un autre Glendronach ayant fait valdinguer son verre au début du chapitre. Il s'aperçoit que la bouteille est presque vide.

Balthazar soupire et se dit qu'il devra en racheter une autre lors de sa prochaine visite à Glasgow.

Il va plutôt sur le site Web de Shop Whisky qui peut lui procurer du Glendronach de 25 ans d'âge. C'est plus pratique. Et il ferme son cell.

Puis il ouvre Tweetdeck pour voir ses messages de la twittersphere. Il a reçu 4 messages directs:

  1. snatch23. thx 4 following me balthazar!!! check out my sexy pics!!! http://is.gd/rwMb

  2. olga69. omg check this out!1! http://is.gd/rwOh

  3. max g reçu ton matériel. appelle-moi. maX.

  4. "Dites-vous bien que la littérature est un des plus tristes chemins qui mènent à tout."

Les 2 derniers messages provoquent chez Balthazar une excitation qui ne peut pas être reliée à la prise de Glendronach, malgré sa qualité.

Il comprend que le rdv prévu à minuit avec André tient toujours et qu'il pourra jouir d'une nouvelle arme. Et de nouvelles victimes.

Balthazar: Salut Max! Mon Colt Python commence à se faire vieux. J'ai besoin d'un nouveau joujou.

Max: Amène-toi. Same time. Same place. Like usual.

Balthazar: J'ai un truc à minuit. Faudrait faire ça avant 23h30, c'est possible?

Max: Ça va être serré mais faisable. Qu'est-ce que je ferais pas pour toi, hein?

Balthazar: Thx Max tu me sauves la vie. Pu capable de tirer drette avec cette antiquité.

Max: Hey! That's what friends are for Balt!

Max raccroche et prépare sa marchandise. Automatiques. Semi-automatiques. Chargeurs. Balles. Viseurs. Silencieux.

Balthazar: Je viens de parler à Max. Il a reçu le nouveau stock. Tu veux qqchose?

André: Un Beretta 92. C'est Jack qui m'approuverait.

Dahlia s'impatiente, tente de rejoindre Jack. Ils ont été amants 5 ans. Le sexe devrait le tenter, il est plus fort que'elle ne le pensait.

Jack appelle Tommy qui ne décroche toujours pas. Dahlia a p-ê raison, il a flippé, trop de meurtres, trop de sang, trop de ressentiment.

Tommy tweete avec Naïma, l'ex de Jack que ce dernier croit morte. Tommy sait pertinemment qu'elle est vivante: il la baise tous les mardis.

Ubu a foi en André mais il est surtout affamé: "Embrochez la bête, cuisez la bête, j'ai faim, moi!" Il croque dans une cuisse de poulet.

Sigrid médite et marmonne "branle-bas de nuit pour les rats dans la ferme où le chat est jeune branle-bas de nuit pour les rats le chat..."

Dahlia: Jack! Mais qu'est-ce que tu fais? J'ai peur! Tommy peut revenir d'une minute à l'autre & tu me laisses seule. J'ai besoin de toi!

Jack: Écoute, tu ne crains rien, tu fabules. Tommy est un bon gars, ferait jamais de mal à une mouche. Attends, j'ai un autre appel.

Tommy: Jack! Ça fait 3 heures que j'essaie de te joindre. Faut qu'on se voit, c'est à propos de Naïma. Elle me tweete sans arrêt...

Jack: Fais pas chier Tommy. Naïma est morte il y a 2 semaines, on ne dort plus depuis & les macchabées nous tombent dessus. Humoriste.

Tommy: J'niaise pas man! J'ai même... couché avec elle mardi passé. Je sais pas c'qui m'a pris... elle était transparente, fantomatique...

Jack: Fuck you Tommy, t'es vraiment pas drôle! Dahlia avait raison, t'es viré coucou man. Un vrai Jack Nicholson in the box. Ciao!

Jack: Dahlia, t'avais raison, Tommy a flippé, il dit qu'il a couché avec Naïma. mardi passé. J'arrive, calle des sushis pis de la Sapporo.

Dahlia ajuste son porte-jarretelles émeraude, sa perruque rousse et son bustier en cuir. Elle appelle Balthazar: "Tout est en place."

Ubu: Les astres s'alignent. Nous ferons périr les lettrés et prendrons leurs biens. Sigrid, est-ce qu'il reste du poulet?

Sigrid: Il vaut mieux n'avoir pas tout à fait assez de ce qui est nécessaire que de ne jamais pouvoir avoir trop de ce qui est inutile.

22.4.09

Sigrid: Il vaut mieux n'avoir pas tout à fait assez de ce qui est nécessaire que de ne jamais pouvoir avoir trop de ce qui est inutile.
Ubu: Les astres s'alignent. Nous ferons périr les lettrés et prendrons leurs biens. Sigrid, est-ce qu'il reste du poulet?
Dahlia ajuste son porte-jarretelles émeraude, sa perruque rousse et son bustier en cuir. Elle appelle Balthazar: "Tout est en place."
Jack: Dahlia, t'avais raison, Tommy a flippé, il dit qu'il a couché avec Naïma. mardi passé. J'arrive, calle des sushis pis de la Sapporo.
Jack: Fuck you Tommy, t'es vraiment pas drôle! Dahlia avait raison, t'es viré coucou man. Un vrai Jack Nicholson in the box. Ciao!
Tommy: J'niaise pas man! J'ai même... couché avec elle mardi passé. Je sais pas c'qui m'a pris... elle était transparente, fantomatique...
Jack: Fais pas chier Tommy. Naïma est morte il y a 2 semaines, on ne dort plus depuis & les macchabées nous tombent dessus. Humoriste.
Tommy: Jack! Ça fait 3 heures que j'essaie de te joindre. Faut qu'on se voit, c'est à propos de Naïma. Elle me tweete sans arrêt...
Jack: Écoute, tu ne crains rien, tu fabules. Tommy est un bon gars, ferait jamais de mal à une mouche. Attends, j'ai un autre appel.
Dahlia: Jack! Mais qu'est-ce que tu fais? J'ai peur! Tommy peut revenir d'une minute à l'autre & tu me laisses seule. J'ai besoin de toi!
Sigrid médite et marmonne "branle-bas de nuit pour les rats dans la ferme où le chat est jeune branle-bas de nuit pour les rats le chat..."
Ubu a foi en André mais il est surtout affamé: "Embrochez la bête, cuisez la bête, j'ai faim, moi!" Il croque dans une cuisse de poulet.
Tommy tweete avec Naïma, l'ex de Jack que ce dernier croit morte. Tommy sait pertinemment qu'elle est vivante: il la baise tous les mardis.
Jack appelle Tommy qui ne décroche toujours pas. Dahlia a p-ê raison, il a flippé, trop de meurtres, trop de sang, trop de ressentiment.
Dahlia s'impatiente, tente de rejoindre Jack. Ils ont été amants 5 ans. Le sexe devrait le tenter, il est plus fort que'elle ne le pensait.

15.4.09

André: Un Beretta 92. C'est Jack qui m'approuverait.
Balthzazar: Je viens de parler à Max. Il a reçu le nouveau stock. Tu veux qqchose?
Max raccroche et prépare sa marchandise. Automatiques. Semi-automatiques. Chargeurs. Balles. Viseurs. Silencieux.
Max: Hey! That's what friends are for Balt!
Balthazar: Thx Max tu me sauves la vie. Pu capable de tirer drette avec cette antiquité.
Max: Ça va être serré mais faisable. Qu'est-ce que je ferais pas pour toi, hein?
Balthazar: J'ai un truc à minuit. Faudrait faire ça avant 23h30, c'est possible?
Max: Amène-toi. Same time. Same Place. Like usual.
Balthazar: Salut Max! Mon Colt Python commence à se faire vieux. J'ai besoin d'un nouveau joujou.

8.4.09

Il comprend que le rdv prévu à minuit avec André tient toujours et qu'il pourra jouir d'une nouvelle arme. Et de nouvelles victimes.
Les 2 derniers messages provoquent chez Balthazar une excitation qui ne peut pas être reliée à la prise de Glendronach, malgré sa qualité.
4. "Dites-vous bien que la littérature est un des plus tristes chemins
qui mènent à tout."
3. max g reçu ton matériel. appelle-moi. maX.
2. olga69. omg check this out!1! http://is.gd/rwOh
1. snatch23. thx 4 following me balthazar!!! check out my sexy pics!!! http://is.gd/rwMb
Puis il ouvre Tweetdeck pour voir ses messages de la twittosphere. Il
a reçu 4 messages directs:
Il va plutôt sur le site Web de Shop Whisky qui peut lui procurer du
Glendronach de 25 ans d'âge. C'est plus pratique. Et il ferme son
cell.
Balthazar soupire et se dit qu'il devra en racheter une autre lors de sa prochaine visite à Glasgow.
Il se verse un autre Glendronach ayant fait valdinguer son verre au
début du chapitre. Il s'aperçoit que la bouteille est presque vide.
Balthazar nettoie le barillet de son Colt Python, le charge. Il
sifflote une mélodie de Hammerstein.

7.4.09

Dahlia: Ta gueule avec tes citations à la con. Je vais me charger d'André personnellement, Ubu ou pas, pis au diable Sigrid la ste-nitouche.
Balthazar: Qui ne tente rien n'a rien chérie. Et rappelle-toi les paroles d'André: "il n'y a que le merveilleux qui soit beau."
Dahlia: Fuck off Balt. Je sais que j'ai accepté de jouer le jeu, mais ça faisait pas partie du deal que Tommy vire crackpot. Ni les meurtres
Balthazar: Si au moins quoi? Si on avait des couilles? Si on était plus braves comme ton Tommy? Comment vont ces hallucinations, au fait?
Dahlia: Fuck la confiance Balthazar! J'ai pas envie de retourner en tôle. Pas pour une gang de lettrés frustrés en tout cas. Si au moins...
Dahlia s'allume une clope pendant que Balthazar ricane. Franchement relax pour un gars dont le partenaire semble avoir disjoncté.
Balthzar: Écoute Dahlia, je connais André depuis 20 ans, il a toujours été imprévisible mais il n'a jamais déconné. Fais-lui confiance.
Dahlia: Comment ça il se conduit en pro? Il était censé abattre sa butch d'ancienne prof, pas faire un carnage sur St-Denis!
"Do I feel lucky? Well, do ya, punk?" Alors que Balthzar fantasme d'être Dirty Harry, Dahlia s'impatiente, pète les plombs.
But being as this is a 44 Magnum the most powerful handgun in the world & would blow your head clean off u've got to ask yourself 1 question
I know what you're thinking. Did he fire 6 shots or only 5? Well, to tell you the truth, in all this excitement I kind of lost track myself.
Il l'avait acheté après avoir vu Police Python 357 avec Montand & Stefania Sandrelli. Quoiqu'il préférât celui de Dirty Harry, ce magnum 44.
Balthazar: "Dahlia? Tout va bien. André se conduit en pro, finalement." Balthazar charge son Colt Python comme l'aurait fait Yves Montand.
Balthazar reçoit un texto d'André: "rejoins-moi tel que convenu". Balthazar sourit. Peut-être qu'André est moins con qu'il n'en a l'air.
Balthazar (à lui-même): Tabarnak! Qu'est-ce qu'il fait ce débile? Je vais encore me taper la job de nettoyage. Et Dahlia, ostie d'incapable.
Balthazar se ronge les ongles, se verse un Glendronach. Un temps. Il ajoute un glaçon, puis deux. Il jette le verre par terre. Sacre.
André raccroche. Il siffle les dernières notes de Lazy Susan (Charlie Hunter, encore) et jette les corps dans sa poche de hockey CCM.
Ubu: Oui André, c'est ça. Mais méfie-toi de Balthazar il faut continuer de l'inclure dans le plan, confonds-toi en excuses. Embrasse Dahlia.
André: Oui, ensemble nous mettrons un terme à la putasserie. La femme-enfant occise, le poète urbain décapité et l'alcoolique verre vide.
Ubu: André, je suis content que tu aies reçu le message de Sigrid. Tu sais que nous comptons sur toi pour éradiquer le déshonneur.

6.4.09

Pendant que Fisftful of Haggis du Charlie Hunter Trio joue sur le iPhone d'André, il entend une autre sonnerie. "André Breton, j'écoute."
"Ils le connaîtront assez tôt" se dit André alors qu'il termine la vodka canneberge, le Jack Daniels et le Flamming Moe des 3 macchabées.
André obéit à des ordres supérieurs, suit un plan, le Big Picture, que Balthzar et Dahlia ne semblent pas connaître.
André groove au son de Ripplegroove et crie Dance, Bitches Dance pendant qu'il se demande que faire des 3 corps: la rousse Fred & le barman.

2.4.09

Buboneka: troisième chapitre

Jack fonçait sur la 40 en jetant des regards nerveux dans le rétroviseur. Des flashes de sang émergeaient en rafale dans sa tête.

Dahlia. Triple sec. En retard comme d'habitude. Elle l'attendrait. Elle n'avait pas le choix. Il s'était promis de ne pas succomber.

Il vira à la sortie St-Laurent et embraya. Comment résister à cette duchesse maintenant qu'elle avait plaqué Tommy?

La tête rentrée dans les épaules, sa silhouette découpa la fumée du Triple sec, le seul bar qui permettait encore la fumette à Montréal.

Jack reconnut tout de suite un air de Clutchy Hopkins, ce vieux guru saturé de trip-hop anonyme caché quelque part dans une grotte afghane.

Dahlia n'était pas à leur place habituelle. Jack fit le tour en frôlant ci et là le corps de gonzesses et de mecs en mal de peau. Putain!

Il n'était pourtant qu'une dizaine de minutes en retard. Pas de patience, ces dames... Pourtant, elle semblait si affolée.

Jack (ouvre son cell et appelle Dahlia): Pas de réponses... Mais qu'est-ce qu'elle fout?! Je me suis pas tapé toute cette route...

Dahlia (sur son cell): Ok. Ouais. Je comprends. Attends, j'ai un autre appel. Merde! C'est rien. Non, non. C'est Jack. Non, je le prends pas.

Balthazar (cell): Tu serais peut-être mieux de le prendre. Faudrait pas qu'il se doute de quelque chose. On sait jamais avec ce type...

Dahlia: C'est tranquille. Je le connais bien. Il risque de s'impatienter un peu, mais je doute qu'il fasse un lien avec les meurtres.

Balthazar : Comme je te disais, André nous a mis dans la merde. Y a trois corps qui gisent sur le plancher de l'Ours qui fume.

Jack (au barman): Scotch. Sans glace. (Un temps.) Pardon miss, z'avez pas du feu? Hein? Non, du feu... Fumez pas? À quoi bon traîner dans ce bar?

Miss (black, corps svelte, jambes girafe, se tortillant au comptoir): J'adoore la musique! C'est cool ici! Je vous ai jamais vu...

Dahlia: Quel con! Qu'est-ce qui lui a pris? Il va tout foutre en l'air encore. Faut que je lui parle.

Jack : Y a une première fois à tout. Vous m'excuserez... (Il avale son scotch d'un trait et se faufile vers la toilette du fond.)

Balthazar: Pour l'instant, tu ne bouges pas. Si tu veux être gentille, tu rappelles ton mec et t'inventes une belle excuse. On se reparle.

Jack: Ziiiiiiip. Fssssssssssssssssssssssssssssssssssss. Ahhh. (sonnerie de cell) Merde. Toujours dans ces moments-là que ça sonne...

Dahlia: Jack? Allo?

Jack: Ouais! Allo! C'est moi... oui oui... non... je... attends un peu... OK. Qu'est-ce qui se passe? t'es où? Tu t'es planquée ou quoi?

Dahlia: Tommy m'a appelée. Je pouvais pas raccrocher. Il était bizarre. Il parlait d'un autre corps. J'ai peur, Jack. Viens me voir.

Jack: Écoute, je m'attendais à te trouver ici... T'es où?

Dahlia: Chez moi... Je veux pas le laisser rentrer ici, Jack. Il n'est plus lui-même. Il m'a dit que c'était rien, mais j'ai la chienne.

Jack: Il m'avait l'air tout à fait normal quand je l'ai quitté. T'es sûr qu'on parle de la même personne?

Dahlia: Déconne pas, Jack. Amène-toi.

Jack: Je suis vraiment pas sûr que ce soit la chose à faire. C'est mon pote après tout. Tu serais mieux de dormir là-dessus.

Dahlia: Je te demande pas de coucher avec moi. J'ai juste besoin de parler à quelqu'un qui connait bien Tommy.

Jack: On parle.

Dahlia: T'es con ou quoi?

Jack: Je te rappelle demain.

Là-dessus, Jack referme le cell et décide (petit fûté) d'appeler Tommy. Aimait pas le ton de Dahlia. Quelque chose qui cloche.

"L'usager que vous tentez de joindre n'est pas disponible, veuillez réessayer plus tard ou laisser un message".

Jack: Tommy... Jack. T'as parlé à Dahlia ce soir? Je sais qu'elle t'a largué et tout, mais bon, faut que je sache. Rappelle-moi.

24.3.09

Buboneka: deuxième chapitre

Une pièce bien éclairée. Une bibliothèque. Pleine. Une table. Deux chaises. Une bouteille de Glendronach 25 ans. Deux verres.

Deux hommes boivent à petites gorgées, avec raffinement. Ils écrivent sur leur ordinateur respectif. Musique jazz funky. Charlie Hunter.

Headhunters. Lettuce. Soulive. Christian McBride. The Philadelphia Experiment. Medeski, Martin & Wood. SloSco. Roy Hargrove. The real shit.

Les deux hommes ne se parlent pas. Ils s'écrivent. Stanton Moore martèle un jazz arabisant, beau comme un meurtre doux.

André: Crois-tu qu'ils nous ont vus? Crois-tu qu'elle leur a fait peur? Le studio était-il assez à l'envers? Et le corps, assez mutilé?

Balthazar: Calme-toi. T aussi nerveux qu'un puceau devant une star porno. Bois ton Glendronach & apprécie-le. Les autres sont au courant?

André: Tout vient à point à qui sait se pendre. Inutile de les alarmer au milieu de la nuit. Eux aussi, travaillent. Tenons-nous-en au plan.

Balthazar: J'aime mieux ça. Reprenons du début. Vers 11h, tu l'as vu entrer. Est-ce qu'il a trouvé les citations sur la victime?

André: Il me semble que oui...

Balthazar: Il te "semble" que oui?

André: Je veux dire, j'étais bien à mon poste. Je suivais ses moindres déplacements avec la lunette de visée.

Balthazar avala une autre gorgée de scotch et fixa son alter-ego dans les yeux sans sourciller : "tu étais à une distance raisonnable?"

André: Je suis toujours à une distance raisonnable. Je ne supporte pas la proximité. Tu es sans doute le seul que j'arrive à endurer.

Balthazar: André...

André : Balthazar...

Balthazar : Tu dérapes. Focus.

André : C'est toujours la même chose avec toi. Tu me fais pas confiance. Il faut que je te raconte tout. Au détail près. J'ai tout vu!

André : Fleurs, sources, sillons se pâmer sous mon oeil qui palpite.

Balthazar soupire, lui jette un regard noir.

André : Quoi? Qu'est ce qu'il y a? On ne peut plus citer Baudelaire?

Balthazar : Les faits, imbécile. Venons-en aux faits.

André : Il a trouvé le message STOP Il s'est avancé dans le corridor STOP Elle s'est déintégrée sous ses yeux STOP Il s'est penché STOP

André : Tout comme prévu STOP Il avait trouvé l'autre indice sous son soulier STOP Son acolyte l'a surpris par derrière STOP

André : La tête rousse rigolait STOP L'autre agenouillé dans le sang, non STOP Il y a eu un échange de paroles STOP Ils ont quitté STOP

Balthazar : Vive la télégraphie. As-tu retracé notre prochaine victime?

André : Elle arrive de Paris dans trois jours. Une conférence sur "La figure du démon dans l'oeuvre de Lautréamont", je crois.

Balthazar : C'est parfait. Tu t'y prends de la même manière. Dans la bouche. Il ne faut pas négliger ce détail.

André : Il faut en finir avec la vermine. Trop de littéraires sur cette planète. Le devenir passera par la chair ou il ne passera pas.

Balthazar : Ce genre de langage te perdra un jour. On se retrouve cette nuit. Au même spot que d'habitude. 1h00 pile.

André s'emportait facilement. Il laissait la vie sauve aux commis, aux secrétaires et aux coiffeuses, mais les lettrés, c'était personnel.

Intellos. Auteurs. Chercheurs. Poètes. Dramaturges. Blogueurs. Tweeteurs. Ils évoquaient dégoût et violence qu'André ne pouvait contenir.

André ne choisissait pas n'importe quelle victime. Il les désignait avec soin. Comme cette conférencière sur Lautréamont. Pas une novice.

Bac en littérature comparée. Maîtrise sur la névrose chez Lautréamont. Doctorat démystifiant la baudruche que sont les faurissonneries.

André suivait un cours de création littérature à l'UQAM lorsqu'il a dégoté la miss. Grande rousse. Yeux pers. Jupe moulante. Top assorti.

C'est elle qui donnait le cours. Création de scénario. Écrire un hommage a qqn de cher. Conte pour enfants. Slamer des jeux de mots sonores.

Des invités parlaient de leur job. Fred Carrier. Amélie Dumoulin. François Barcelo. Mais André n'en avait que pour la docteure ès lettres.

Elle n'en avait que pour le slameur irrévérencieux, Fred. Celui qui transformait les dialogues de gars de shop en vers scabreux et vrais.

André concurrençait le slameur avec peine: roulant les R, enchaînant les contrepèteries, mixant les métaphores, enjambant les vers libres.

Le point d'orgue fut atteint lorsque Fred s'en prit littérairement à André, le déculottant et l'humiliant dans un slam sans appel.

Fred: Les faiseux de vers, les rimeux d'alexandrins, les fourreurs d'hémistiche, les enculeurs de soleil, les déviergeurs d'étoiles: next.

Elle n'avait pu retenir un léger rictus mais elle avait su l'étouffer pour ne pas heurter l'égo de celui que Fred visait. André encaissa.

Il était presque 1h. André trépignait à l'idée de liquider celle qui l'avait humilié devant une bande d'incultes littéraires. André écumait.

Une grande rousse sortit du métro Sherbrooke. Accompagnée d'un pouilleux pas rasé. Probablement un poète. Il s'allumait une Mark Ten.

Elle prit son bras comme le fond les amoureux dans les films romantiques. Il l'alluma. Elle s'esclaffa. Il se prenait pour un mannequin.

Fred: C'était vraiment mauvais à la maison de la culture. Encore des pseudos poètes mystiques qui se branlent dans des cimetières. Pu capab.

Elle: T'es intolérant. Laisse-les faire s'ils aiment ça se regarder la bite en groupe et hululer à la lune. Toi aussi t'es passé par là.

André savait qu'ils allaient au bar l'Ours qui fume, en face de la terrasse St-Denis. L'hôtel en face leur servirait de dernier repos. Chambre 9.

Le thème des Valkyries se fait entendre, c'était le téléphone d'André qui sonnait.

Balthazar: Changement de plan. La rousse. Ce n'est pas LA rousse. C'en est une autre. Abort mission.

André: Qu'est-ce que t'en sais? Tu ne la connais même pas! Arrête de me surveiller je suis assez grand pour liquider mes victimes tout seul!

Balthazar: Je répète, il y a erreur sur la personne. Mission annulée. Rapportez-vous au QG immédiatement.

Pris de colère, André entre dans l'Ours qui fume et vide son chargeur sur la rousse. Mais il y a erreur. La rousse porte une perruque.

André recharge. Il doit liquider les témoins. Fred recule jusqu'au bar et s'en prend une dans le front. Idem le barman. André respire mieux.

Heureusement c'est un petit bar. Pas grand monde. André traîne les 3 corps dans le backstore pour les découper et créer son oeuvre.
Heureusement c'est un petit bar. Pas grand monde. André traîne les 3 corps dans le backstore pour les découper et créer son oeuvre.
André recharge. Il doit liquider les témoins. Fred recule jusqu'au bar et s'en prend une dans le front. Idem le barman. André respire mieux.
Pris de colère, André entre dans l'Ours qui fume et vide son chargeur sur la rousse. Mais il y a erreur. La rousse porte une perruque.
Balthazar: Je répète, il y a erreur sur la personne. Mission annulée. Rapportez-vous au QG immédiatement.
Le thème des Valkyries se fait entendre, c'était le téléphone d'André qui sonnait.
André: Qu'est-ce que t'en sais? Tu ne la connais même pas! Arrête de me surveiller je suis assez grand pour liquider mes victimes tout seul!
Balthazar: Changement de plan. La rousse. Ce n'est pas LA rousse. C'en est une autre. Abort mission.
André savait qu'ils allaient au bar l'Ours qui fume, en face de la terrasse St-Denis. L'hôtel en face leur servirait de dernier repos. Chambre 9.
Elle: T'es intolérant. Laisse-les faire s'ils aiment ça se regarder la bite en groupe et hululer à la lune. Toi aussi t'es passé par là.
Fred: C'était vraiment mauvais à la maison de la culture. Encore des pseudos poètes mystiques qui se branlent dans des cimetières. Pu capab.
Elle prit son bras comme le fond les amoureux dans les films romantiques. Il l'alluma. Elle s'esclaffa. Il se prenait pour un mannequin.
Une grande rousse sortit du métro Sherbrooke. Accompagnée d'un pouilleux pas rasé. Probablement un poète. Il s'allumait une Mark Ten.
Il était presque 1h. André trépignait à l'idée de liquider celle qui l'avait humilié devant une bande d'incultes littéraires. André écumait.
Elle n'avait pu retenir un léger rictus mais elle avait su l'étouffer pour ne pas heurter l'égo de celui que Fred visait. André encaissa.
Fred: Les faiseux de vers, les rimeux d'alexandrins, les fourreurs d'hémistiche, les enculeurs de soleil, les déviergeurs d'étoiles: next.
Le point d'orgue fut atteint lorsque Fred s'en prit littérairement à André, le déculottant et l'humiliant dans un slam sans appel.
André concurrençait le slameur avec peine: roulant les R, enchaînant les contrepèteries, mixant les métaphores, enjambant les vers libres.
Elle n'en avait que pour le slameur irrévérencieux, Fred. Celui qui transformait les dialogues de gars de shop en vers scabreux et vrais.
Des invités parlaient de leur job. Fred Carrier. Amélie Dumoulin. François Barcelo. Mais André n'en avait que pour la docteure ès lettres.
C'est elle qui donnait le cours. Création de scénario. Écrire un hommage a qqn de cher. Conte pour enfants. Slamer des jeux de mots sonores.
André suivait un cours de création littérature à l'UQAM lorsqu'il a dégoté la miss. Grande rousse. Yeux pers. Jupe moulante. Top assorti.
Bac en littérature comparée. Maîtrise sur la névrose chez Lautréamont. Doctorat démystifiant la baudruche que sont les faurissonneries.
André ne choisissait pas n'importe quelle victime. Il les désignait avec soin. Comme cette conférencière sur Lautréamont. Pas une novice.
Intellos. Auteurs. Chercheurs. Poètes. Dramaturges. Blogueurs. Tweeteurs. Ils évoquaient dégoût et violence qu'André ne pouvait contenir.
André s'emportait facilement. Il laissait la vie sauve aux commis, aux secrétaires et aux coiffeuses, mais les lettrés, c'était personnel.

22.3.09

Balthazar : Ce genre de langage te perdra un jour. On se retrouve cette nuit. Au même spot que d'habitude. 1h00 pile.
André : Il faut en finir avec la vermine. Trop de littéraires sur cette planète. Le devenir passera par la chair ou il ne passera pas.
Balthazar : C'est parfait. Tu t'y prends de la même manière. Dans la bouche. Il ne faut pas négliger ce détail.
André : Elle arrive de Paris dans trois jours. Une conférence sur "La figure du démon dans l'oeuvre de Lautréamont", je crois.
Balthazar : Vive la télégraphie. As-tu retracé notre prochaine victime?
André : La tête rousse rigolait STOP L'autre agenouillé dans le sang, non STOP Il y a eu un échange de paroles STOP Ils ont quitté STOP
André : Tout comme prévu STOP Il avait trouvé l'autre indice sous son soulier STOP Son acolyte l'a surpris par derrière STOP
André : Il a trouvé le message STOP Il s'est avancé dans le corridor STOP Elle s'est déintégrée sous ses yeux STOP Il s'est penché STOP
Balthazar : Les faits, imbécile. Venons-en aux faits.
André : Quoi? Qu'est ce qu'il y a? On ne peut plus citer Baudelaire?
Balthazar soupire, lui jette un regard noir.
André : Fleurs, sources, sillons se pâmer sous mon oeil qui palpite.
André : C'est toujours la même chose avec toi. Tu me fais pas confiance. Il faut que je te raconte tout. Au détail près. J'ai tout vu!
Balthazar : Tu dérapes. Focus.
André : Balthazar...
Balthazar : André...
André : Je suis toujours à une distance raisonnable. Je ne supporte pas la proximité. Tu es sans doute le seul que j'arrive à endurer.
Balthazar avala une autre gorgée de scotch et fixa son alter-ego dans les yeux sans sourciller : "tu étais à une distance raisonnable?"
André: Je veux dire, j'étais bien à mon poste. Je suivais ses moindres déplacements avec la lunette de visée.
Balthazar: Il te "semble" que oui?
André : Il me semble que oui...
Balthazar : J'aime mieux ça. Reprenons du début. Vers 11h, tu l'as vu entrer. Est-ce qu'il a trouvé les citations sur la victime?

18.3.09

André: Tout vient à point à qui sait se pendre. Inutile de les alarmer au milieu de la nuit. Eux aussi, travaillent. Tenons-nous-en au plan.
Balthazar: Calme-toi. T aussi nerveux qu'un puceau devant une star porno. Bois ton Glendronach & apprécie-le. Les autres sont au courant?
André: Crois-tu qu'ils nous ont vus? Crois-tu qu'elle leur a fait peur? Le studio était-il assez à l'envers? Et le corps, assez mutilé?
Les deux hommes ne se parlent pas. Ils s'écrivent. Stanton Moore crie dans son saxophone un jazz arabisant, beau comme un meurtre doux.
Headhunters. Lettuce. Soulive. Christian McBride. The Philadelphia Experiment. Medeski, Martin & Wood. SloSco. Roy Hargrove. The real shit.
Deux hommes boivent à petites gorgées, avec raffinement. Ils écrivent sur leur ordinateur respectif. Musique jazz funky. Charlie Hunter.
Une pièce bien éclairée. Une bibliothèque. Pleine. Une table. Deux chaises. Une bouteille de Glendronach 25 ans. Deux verres.

17.3.09

Buboneka - Premier chapitre

L'horreur était patente lorsque Jack ouvrit la porte : le corps de Lucie était démembré et baignait dans une mare de sang opaque.

L'appart de Lucie proposait un désordre futuriste que seul un artiste déviant aurait pu concevoir.

Mais il était clair que ce fouillis n'avait pas été conçu de façon naturelle, mais bien par un agent externe.

Assiettes collées aux murs. Bibelots morcelés. Ordinateurs déconstruits. Bouteilles cassées. Documents déchiquetés. La totale, quoi.

Fasciné par cette étrange géométrie des choses, Jack osait à peine avancer. Sa pupille dilatée n'arrivait pas encore à percer l'obscurité.

Il tâta l'air du bout de ses doigts aveugles puis, se ravisant, sortit une clope de son blouson et la fit crépiter en douceur. Buée bleue.

La fumée semblait trancher l'opacité de l'air ambiant. Un souffle froid lui chatouillait le cou quand son téléphone chanta un air wagnérien.

-- Jack, du neuf? Est-ce que c'est autant le bordel que la dernière fois? demandait Tommy Jones. Il parlait des meurtres survenus sur Clarke.

Jack : Ouaip. L'appart est tout décrissé. Une vraie soue à cochons. Et la même aura inexplicable, genre de lumière qui vient de nulle part.

Tommy : Qu'est-ce que t'en penses, le corps est encore...

Jack : Ouaip. Pareil. Impossible à identifier. Pas de dents, pas d'empreintes digitales. Le même cauchemar pour les spécialistes de l'ADN.

Tommy : Tu veux que j'aille te rejoindre? J'enfile mes jeans pis je passe au Tim te ramener un bon noir pas de sucre.

Jack : Laisse faire. Yé tard. T'as une belle femme couchée à côté de toi qui veut encore te coller. J'vais me débrouiller. Reste chez vous.

Tommy : Ben justement. Dahlia m'a crissé là. Partie sans rien dire. Pris ses clics pis ses claques pis a clearé la place. C toé ou Molson...

Jack : Comment tu fais pour toutes les perdre de même? La mienne est morte, pouvais pas faire grand-chose contre ça. Ramène ton cul, loser.

Dahlia : Salut Jack, t'as 2 minutes? Je sais vraiment plus quoi faire. Tommy est weird depuis les meurtres sur Clarke. Il pense juste à ça.

Jack: Dahlia! Putain t'es où? Tommy capote. C'est pas pcq un gars a une mauvaise passe qu'il faut le crisser là! Donne-lui une autre chance.

Dahlia: Tommy a pas juste changé. Il fixe le vide pendant des heures. Je lui parle & il entend rien. Yé constamment en transe, c freakant.

Jack : En transe? Qu'est-ce que tu racontes! Tu vas pas faire une crise parce qu'il s'en roule un à la fin de la journée!

Dahlia: Non, tu comprends pas... C'est pas ça... C'est plus grave. Je suis inquiète... Je sais plus quoi faire. Son regard...

Dahlia: L'autre soir... j'arrive du travail... je descend au sous-sol pour lui parler pis y'était là... encore couché sur le plancher...

Jack: Du calme, du calme! Reprends du début. Tommy est en transe!? Qu'est-ce que tu veux dire? Il répond plus?

Dahlia: On aurait dit qu'il lévitait les yeux grands ouverts. Je l'ai jamais vu de même, Jack! Faut que je te vois! Au Triple Sec à 10h ok?

Un bruit sourd venait de résonner du fond du couloir. Jack mit la main sur son Beretta 92, contourna le corps et s'avanca tranquillement.

Jack: Impossible! Tommy est en chemin. Il me semblait tout à fait normal. Un peu décrissé, mais... Attends! Je te rappelle!

Jack (marmonnant): Encore un de ces putains de maraudeurs! Ne pas perdre le corps de vue. Faut pas qu'il se fasse voler cette fois..

Le corps encore frais de la dernière victime avait été dérobé à la morgue quelques heures après sa découverte.

On avait retrouvé dans la bouche de la victime une citation, une sorte d'aphorisme dûment signé du nom de son auteur: Balthazar.

"Ce n'est qu'une pensée, mais une pensée qui glace la moelle même de nos os et la pénètre des féroces délices de son horreur." - Balthazar

Jack longeait le mur ouest de l'appart tout en marmonnant cette phrase de l'étonnant Balthazar. On aurait dit un truc sortit d'une série B.

Une ombre traversa le corridor en face de lui, du sud au nord, et un boom lourd retentit entre les 4 murs du studio sans dessus dessous.

Jack tenta de suivre l'ombre mais entendit un crac liquide qui lui glaça les sangs, comme s'il avait écrasé une gigantesque coquerelle.

Il souleva son pied tranquillement, apeuré par ce qu'il aurait pu liquider d'un coup de talon. Mais ce qu'il vit le surprit : des lettres.

Il prit sa lampe de poche pour éclairer le plancher. Une autre phase insolite l'y narguait. Elle n'était pas de Balthazar, mais d'André.

"Il se peut que la vie demande à être déchiffrée comme un cryptogramme." André. Jack se gratta la tête puis sentit le parfum d'une femme.

Il se rappela feue Naïma, sa femme. Il retint une larme, moucha son nez du revers de sa main, puis vit le visage d'une femme, flottant.

Il braqua son Beretta en beuglant "bouge pas connasse!" mais déjà, le visage se désagrégeait en gouttes de sang pour inonder le plancher.

Étourdi, Jack se frotta les yeux en tentant de s'expliquer cette apparition. Il se pencha au-dessus de la petite flaque écarlate.

Cette matière visqueuse si familière lui donna un haut-le-coeur. Du sang! toujours du sang! Mènerait-il jamais une vie normale?

Il retira spontanément son briquet de sa poche de derrière et fit briller une flamme au-dessus du sang. Le liquide lui renvoya son reflet.

Miroir mouvant des ses derniers mois, il contemplait un visage aux traits tirés, ravagé par l'insomnie, la solitude, les stupéfiants.

Perdu dans ses pensées, il eut à peine le temps de remarquer le reflet d'un visage qui se superposait sur son propre reflet...

Sans broncher, il dégaina son Beretta et se jeta sur le côté en pointant la mire de son revolver sur le nez de son assaillant!

Tommy le regardait d'un air sardonique. "Dis donc, Dracula! on s'amuse dans les restes humains! Tu m'en laisseras bien une petite gorgée."

Jack: Espèce de couillon! J'tavais averti de plus me faire ce genre de coup! J'ai le coeur dans le fond de la gorge!

Tommy: Qui s'est éclaté sur le sol? Une autre victime? Je croyais qu'il n'y avait qu'un seul corps...
Bold
Jack: Je crois que je suis fatigué... J'ai vu quelque chose... Une femme... Superbe.. Et puis... Plus rien... Elle s'est... comment dire...

(Un temps)

Jack : désintégrée...

Tommy: Bon. Assez joué. Je ne veux pas me retrouver avec un deuxième corps sur les bras. J'appelle les flics et on file en douce.

Jack: Tu déconnes! On vas pas laisser tomber comme ça. J'ai trouvé quelque chose. Une piste. Une citation. Une énigme. Tiens! Lis toi-même.

16.3.09

Jack: Tu déconnes! On vas pas laisser tomber comme ça. J'ai trouvé quelque chose. Une piste. Une citation. Une énigme. Tiens! Lis toi-même.
Tommy: Bon. Assez joué. Je ne veux pas me retrouver avec un deuxième corps sur les bras. J'appelle les flics et on file en douce.
Jack : désintégrée...
Jack: Je crois que je suis fatigué... J'ai vu quelque chose... Une femme... Superbe.. Et puis... Plus rien... Elle s'est... comment dire...
Tommy: Qui s'est éclaté sur le sol? Une autre victime? Je croyais qu'il n'y avait qu'un seul corps...
Jack: Espèce de couillon! J'tavais averti de plus me faire ce genre de coup! J'ai le coeur dans le fond de la gorge!
Tommy le regardait d'un air sardonique. "Dis donc, Dracula! on s'amuse dans les restes humains! Tu m'en laisseras bien une petite gorgée."
Sans broncher, il dégaina son Beretta et se jeta sur le côté en pointant la mire de son revolver sur le nez de son assaillant!
Perdu dans ses pensées, il eut à peine le temps de remarquer le reflet d'un visage qui se superposait sur son propre reflet...
Miroir mouvant des ses derniers mois, il contemplait un visage aux traits tirés, ravagé par l'insomnie, la solitude, les stupéfiants.
Il retira spontanément son briquet de sa poche de derrière et fit briller une flamme au-dessus du sang. Le liquide lui renvoya son reflet.
Cette matière visqueuse si familière lui donna un haut-le-coeur. Du sang! toujours du sang! Mènerait-il jamais une vie normale?
Étourdi, Jack se frotta les yeux en tentant de s'expliquer cette apparition. Il se pencha au-dessus de la petite flaque écarlate.

15.3.09

Il braqua son Beretta en beuglant "bouge pas connasse!" mais déjà, le visage se désagrégeait en gouttes de sang pour inonder le plancher.
Il se rappela feue Naïma, sa femme. Il retint une larme, moucha son nez du revers de sa main, puis vit le visage d'une femme, flottant.
"Il se peut que la vie demande à être déchiffrée comme un cryptogramme." André. Jack se gratta la tête puis sentit le parfum d'une femme.
Il prit sa lampe de poche pour éclairer le plancher. Une autre phase insolite l'y narguait. Elle n'était pas de Balthazar, mais d'André.
Il souleva son pied tranquillement, apeuré par ce qu'il aurait pu liquider d'un coup de talon. Mais ce qu'il vit le surprit : des lettres.
Jack tenta de suivre l'ombre mais entendit un crac liquide qui lui glaça les sangs, comme s'il avait écrasé une gigantesque coquerelle.
Une ombre traversa le corridor en face de lui, du sud au nord, et un boom lourd retentit entre les 4 murs du studio sans dessus dessous.
Jack longeait le mur ouest de l'appart tout en marmonnant cette phrase de l'étonnant Balthazar. On aurait dit un truc sortit d'une série B.

13.3.09

"Ce n'est qu'une pensée, mais une pensée qui glace la moelle même de nos os et la pénètre des féroces délices de son horreur." - Balthazar
On avait retrouvé dans la bouche de la victime une citation, une sorte d'aphorisme dûment signé du nom de son auteur : Balthazar.
Le corps encore frais de la dernière victime avait été dérobé à la morgue quelques heures après sa découverte.
Jack (marmonnant) : Encore un de ces putains de maraudeurs! Ne pas perdre le corps de vue. Faut pas qu'il se fasse voler cette fois...
Jack: Impossible! Tommy est en chemin. Il me semblait tout à fait normal. Un peu décrissé, mais... Attends! Je te rappelle!
Un bruit sourd venait de résonner du fond du couloir. Jack mit la main sur son Beretta 92, contourna le corps et s'avanca tranquillement.
Dahlia: On aurait dit qu'il lévitait les yeux grands ouverts. Je l'ai jamais vu de même, Jack! Faut que je te vois! Au Triple Sec à 10h ok?
Jack: Du calme, du calme! Reprends du début. Tommy est en transe!? Qu'est-ce que tu veux dire? Il répond plus?
Dahlia: L'autre soir... j'arrive du travail... je descend au sous-sol pour lui parler pis y'était là... encore couché sur le plancher...
Dahlia: Non, tu comprends pas... C'est pas ça... C'est plus grave. Je suis inquiète... Je sais plus quoi faire. Son regard...
Jack : En transe? Qu'est-ce que tu racontes! Tu vas pas faire une crise parce qu'il s'en roule un à la fin de la journée!
Dahlia: Tommy a pas juste changé. Il fixe le vide pendant des heures.
Je lui parle & il entend rien. Yé constamment en transe, c freakant.
Jack: Dahlia! Putain t'es où? Tommy capote. C'est pas pcq un gars a
une mauvaise passe qu'il faut le crisser là! Donne-lui une autre
chance.
Dahlia : Salut Jack, t'as 2 minutes? Je sais vraiment plus quoi faire. Tommy est weird depuis les meurtres sur Clarke. Il pense juste à ça.

12.3.09

Jack : Comment tu fais pour toutes les perdre de même? La mienne est morte, pouvais pas faire grand-chose contre ça. Ramène ton cul, loser.
Tommy : Ben justement. Dahlia m'a crissé là. Partie sans rien dire. Pris ses clics pis ses claques pis a clearé la place. C toé ou Molson...
Jack : Laisse faire. Yé tard. T'as une belle femme couchée à côté de toi qui veut encore te coller. J'vais me débrouiller. Reste chez vous.
Tommy : Tu veux que j'aille te rejoindre? J'enfile mes jeans pis je passe au Tim te ramener un bon noir pas de sucre.
Jack : Ouaip. Pareil. Impossible à identifier. Pas de dents, pas d'empreintes digitales. Le même cauchemar pour les spécialistes de l'ADN.
Tommy : Qu'est-ce que t'en penses, le corps est encore...
Jack : Ouaip. L'appart est tout décrissé. Une vraie soue à cochons. Et la même aura inexplicable, genre de lumière qui vient de nulle part.
- Jack, du neuf? Est-ce que c'est autant le bordel que la dernière fois? demandait Tommy Jones. Il parlait des meurtres survenus sur Clarke.
La fumée semblait trancher l'opacité de l'air ambiant. Un souffle froid lui chatouillait le cou quand son téléphone chanta un air wagnérien.
Il tâta l'air du bout de ses doigts aveugles puis, se ravisant, sortit une clope de son blouson et la fit crépiter en douceur. Buée bleue.
Fasciné par cette étrange géométrie des choses, Jack osait à peine avancer. Sa pupille dilatée n'arrivait pas encore à percer l'obscurité.
Assiettes collées aux murs. Bibelots morcelés. Ordinateurs
déconstruits. Bouteilles cassées. Documents déchiquetés. La totale,
quoi.
Mais il était clair que ce fouillis n'avait pas été conçu de façon
naturelle, mais bien par un agent externe.
L'appart de Lucie proposait un désordre futuriste que seul un artiste
déviant aurait pu concevoir.
L'horreur était patente lorsque Jack ouvrit la porte : le corps de
Lucie était démembré et baignait dans une mare de sang opaque.