24.3.09

Buboneka: deuxième chapitre

Une pièce bien éclairée. Une bibliothèque. Pleine. Une table. Deux chaises. Une bouteille de Glendronach 25 ans. Deux verres.

Deux hommes boivent à petites gorgées, avec raffinement. Ils écrivent sur leur ordinateur respectif. Musique jazz funky. Charlie Hunter.

Headhunters. Lettuce. Soulive. Christian McBride. The Philadelphia Experiment. Medeski, Martin & Wood. SloSco. Roy Hargrove. The real shit.

Les deux hommes ne se parlent pas. Ils s'écrivent. Stanton Moore martèle un jazz arabisant, beau comme un meurtre doux.

André: Crois-tu qu'ils nous ont vus? Crois-tu qu'elle leur a fait peur? Le studio était-il assez à l'envers? Et le corps, assez mutilé?

Balthazar: Calme-toi. T aussi nerveux qu'un puceau devant une star porno. Bois ton Glendronach & apprécie-le. Les autres sont au courant?

André: Tout vient à point à qui sait se pendre. Inutile de les alarmer au milieu de la nuit. Eux aussi, travaillent. Tenons-nous-en au plan.

Balthazar: J'aime mieux ça. Reprenons du début. Vers 11h, tu l'as vu entrer. Est-ce qu'il a trouvé les citations sur la victime?

André: Il me semble que oui...

Balthazar: Il te "semble" que oui?

André: Je veux dire, j'étais bien à mon poste. Je suivais ses moindres déplacements avec la lunette de visée.

Balthazar avala une autre gorgée de scotch et fixa son alter-ego dans les yeux sans sourciller : "tu étais à une distance raisonnable?"

André: Je suis toujours à une distance raisonnable. Je ne supporte pas la proximité. Tu es sans doute le seul que j'arrive à endurer.

Balthazar: André...

André : Balthazar...

Balthazar : Tu dérapes. Focus.

André : C'est toujours la même chose avec toi. Tu me fais pas confiance. Il faut que je te raconte tout. Au détail près. J'ai tout vu!

André : Fleurs, sources, sillons se pâmer sous mon oeil qui palpite.

Balthazar soupire, lui jette un regard noir.

André : Quoi? Qu'est ce qu'il y a? On ne peut plus citer Baudelaire?

Balthazar : Les faits, imbécile. Venons-en aux faits.

André : Il a trouvé le message STOP Il s'est avancé dans le corridor STOP Elle s'est déintégrée sous ses yeux STOP Il s'est penché STOP

André : Tout comme prévu STOP Il avait trouvé l'autre indice sous son soulier STOP Son acolyte l'a surpris par derrière STOP

André : La tête rousse rigolait STOP L'autre agenouillé dans le sang, non STOP Il y a eu un échange de paroles STOP Ils ont quitté STOP

Balthazar : Vive la télégraphie. As-tu retracé notre prochaine victime?

André : Elle arrive de Paris dans trois jours. Une conférence sur "La figure du démon dans l'oeuvre de Lautréamont", je crois.

Balthazar : C'est parfait. Tu t'y prends de la même manière. Dans la bouche. Il ne faut pas négliger ce détail.

André : Il faut en finir avec la vermine. Trop de littéraires sur cette planète. Le devenir passera par la chair ou il ne passera pas.

Balthazar : Ce genre de langage te perdra un jour. On se retrouve cette nuit. Au même spot que d'habitude. 1h00 pile.

André s'emportait facilement. Il laissait la vie sauve aux commis, aux secrétaires et aux coiffeuses, mais les lettrés, c'était personnel.

Intellos. Auteurs. Chercheurs. Poètes. Dramaturges. Blogueurs. Tweeteurs. Ils évoquaient dégoût et violence qu'André ne pouvait contenir.

André ne choisissait pas n'importe quelle victime. Il les désignait avec soin. Comme cette conférencière sur Lautréamont. Pas une novice.

Bac en littérature comparée. Maîtrise sur la névrose chez Lautréamont. Doctorat démystifiant la baudruche que sont les faurissonneries.

André suivait un cours de création littérature à l'UQAM lorsqu'il a dégoté la miss. Grande rousse. Yeux pers. Jupe moulante. Top assorti.

C'est elle qui donnait le cours. Création de scénario. Écrire un hommage a qqn de cher. Conte pour enfants. Slamer des jeux de mots sonores.

Des invités parlaient de leur job. Fred Carrier. Amélie Dumoulin. François Barcelo. Mais André n'en avait que pour la docteure ès lettres.

Elle n'en avait que pour le slameur irrévérencieux, Fred. Celui qui transformait les dialogues de gars de shop en vers scabreux et vrais.

André concurrençait le slameur avec peine: roulant les R, enchaînant les contrepèteries, mixant les métaphores, enjambant les vers libres.

Le point d'orgue fut atteint lorsque Fred s'en prit littérairement à André, le déculottant et l'humiliant dans un slam sans appel.

Fred: Les faiseux de vers, les rimeux d'alexandrins, les fourreurs d'hémistiche, les enculeurs de soleil, les déviergeurs d'étoiles: next.

Elle n'avait pu retenir un léger rictus mais elle avait su l'étouffer pour ne pas heurter l'égo de celui que Fred visait. André encaissa.

Il était presque 1h. André trépignait à l'idée de liquider celle qui l'avait humilié devant une bande d'incultes littéraires. André écumait.

Une grande rousse sortit du métro Sherbrooke. Accompagnée d'un pouilleux pas rasé. Probablement un poète. Il s'allumait une Mark Ten.

Elle prit son bras comme le fond les amoureux dans les films romantiques. Il l'alluma. Elle s'esclaffa. Il se prenait pour un mannequin.

Fred: C'était vraiment mauvais à la maison de la culture. Encore des pseudos poètes mystiques qui se branlent dans des cimetières. Pu capab.

Elle: T'es intolérant. Laisse-les faire s'ils aiment ça se regarder la bite en groupe et hululer à la lune. Toi aussi t'es passé par là.

André savait qu'ils allaient au bar l'Ours qui fume, en face de la terrasse St-Denis. L'hôtel en face leur servirait de dernier repos. Chambre 9.

Le thème des Valkyries se fait entendre, c'était le téléphone d'André qui sonnait.

Balthazar: Changement de plan. La rousse. Ce n'est pas LA rousse. C'en est une autre. Abort mission.

André: Qu'est-ce que t'en sais? Tu ne la connais même pas! Arrête de me surveiller je suis assez grand pour liquider mes victimes tout seul!

Balthazar: Je répète, il y a erreur sur la personne. Mission annulée. Rapportez-vous au QG immédiatement.

Pris de colère, André entre dans l'Ours qui fume et vide son chargeur sur la rousse. Mais il y a erreur. La rousse porte une perruque.

André recharge. Il doit liquider les témoins. Fred recule jusqu'au bar et s'en prend une dans le front. Idem le barman. André respire mieux.

Heureusement c'est un petit bar. Pas grand monde. André traîne les 3 corps dans le backstore pour les découper et créer son oeuvre.
Heureusement c'est un petit bar. Pas grand monde. André traîne les 3 corps dans le backstore pour les découper et créer son oeuvre.
André recharge. Il doit liquider les témoins. Fred recule jusqu'au bar et s'en prend une dans le front. Idem le barman. André respire mieux.
Pris de colère, André entre dans l'Ours qui fume et vide son chargeur sur la rousse. Mais il y a erreur. La rousse porte une perruque.
Balthazar: Je répète, il y a erreur sur la personne. Mission annulée. Rapportez-vous au QG immédiatement.
Le thème des Valkyries se fait entendre, c'était le téléphone d'André qui sonnait.
André: Qu'est-ce que t'en sais? Tu ne la connais même pas! Arrête de me surveiller je suis assez grand pour liquider mes victimes tout seul!
Balthazar: Changement de plan. La rousse. Ce n'est pas LA rousse. C'en est une autre. Abort mission.
André savait qu'ils allaient au bar l'Ours qui fume, en face de la terrasse St-Denis. L'hôtel en face leur servirait de dernier repos. Chambre 9.
Elle: T'es intolérant. Laisse-les faire s'ils aiment ça se regarder la bite en groupe et hululer à la lune. Toi aussi t'es passé par là.
Fred: C'était vraiment mauvais à la maison de la culture. Encore des pseudos poètes mystiques qui se branlent dans des cimetières. Pu capab.
Elle prit son bras comme le fond les amoureux dans les films romantiques. Il l'alluma. Elle s'esclaffa. Il se prenait pour un mannequin.
Une grande rousse sortit du métro Sherbrooke. Accompagnée d'un pouilleux pas rasé. Probablement un poète. Il s'allumait une Mark Ten.
Il était presque 1h. André trépignait à l'idée de liquider celle qui l'avait humilié devant une bande d'incultes littéraires. André écumait.
Elle n'avait pu retenir un léger rictus mais elle avait su l'étouffer pour ne pas heurter l'égo de celui que Fred visait. André encaissa.
Fred: Les faiseux de vers, les rimeux d'alexandrins, les fourreurs d'hémistiche, les enculeurs de soleil, les déviergeurs d'étoiles: next.
Le point d'orgue fut atteint lorsque Fred s'en prit littérairement à André, le déculottant et l'humiliant dans un slam sans appel.
André concurrençait le slameur avec peine: roulant les R, enchaînant les contrepèteries, mixant les métaphores, enjambant les vers libres.
Elle n'en avait que pour le slameur irrévérencieux, Fred. Celui qui transformait les dialogues de gars de shop en vers scabreux et vrais.
Des invités parlaient de leur job. Fred Carrier. Amélie Dumoulin. François Barcelo. Mais André n'en avait que pour la docteure ès lettres.
C'est elle qui donnait le cours. Création de scénario. Écrire un hommage a qqn de cher. Conte pour enfants. Slamer des jeux de mots sonores.
André suivait un cours de création littérature à l'UQAM lorsqu'il a dégoté la miss. Grande rousse. Yeux pers. Jupe moulante. Top assorti.
Bac en littérature comparée. Maîtrise sur la névrose chez Lautréamont. Doctorat démystifiant la baudruche que sont les faurissonneries.
André ne choisissait pas n'importe quelle victime. Il les désignait avec soin. Comme cette conférencière sur Lautréamont. Pas une novice.
Intellos. Auteurs. Chercheurs. Poètes. Dramaturges. Blogueurs. Tweeteurs. Ils évoquaient dégoût et violence qu'André ne pouvait contenir.
André s'emportait facilement. Il laissait la vie sauve aux commis, aux secrétaires et aux coiffeuses, mais les lettrés, c'était personnel.

22.3.09

Balthazar : Ce genre de langage te perdra un jour. On se retrouve cette nuit. Au même spot que d'habitude. 1h00 pile.
André : Il faut en finir avec la vermine. Trop de littéraires sur cette planète. Le devenir passera par la chair ou il ne passera pas.
Balthazar : C'est parfait. Tu t'y prends de la même manière. Dans la bouche. Il ne faut pas négliger ce détail.
André : Elle arrive de Paris dans trois jours. Une conférence sur "La figure du démon dans l'oeuvre de Lautréamont", je crois.
Balthazar : Vive la télégraphie. As-tu retracé notre prochaine victime?
André : La tête rousse rigolait STOP L'autre agenouillé dans le sang, non STOP Il y a eu un échange de paroles STOP Ils ont quitté STOP
André : Tout comme prévu STOP Il avait trouvé l'autre indice sous son soulier STOP Son acolyte l'a surpris par derrière STOP
André : Il a trouvé le message STOP Il s'est avancé dans le corridor STOP Elle s'est déintégrée sous ses yeux STOP Il s'est penché STOP
Balthazar : Les faits, imbécile. Venons-en aux faits.
André : Quoi? Qu'est ce qu'il y a? On ne peut plus citer Baudelaire?
Balthazar soupire, lui jette un regard noir.
André : Fleurs, sources, sillons se pâmer sous mon oeil qui palpite.
André : C'est toujours la même chose avec toi. Tu me fais pas confiance. Il faut que je te raconte tout. Au détail près. J'ai tout vu!
Balthazar : Tu dérapes. Focus.
André : Balthazar...
Balthazar : André...
André : Je suis toujours à une distance raisonnable. Je ne supporte pas la proximité. Tu es sans doute le seul que j'arrive à endurer.
Balthazar avala une autre gorgée de scotch et fixa son alter-ego dans les yeux sans sourciller : "tu étais à une distance raisonnable?"
André: Je veux dire, j'étais bien à mon poste. Je suivais ses moindres déplacements avec la lunette de visée.
Balthazar: Il te "semble" que oui?
André : Il me semble que oui...
Balthazar : J'aime mieux ça. Reprenons du début. Vers 11h, tu l'as vu entrer. Est-ce qu'il a trouvé les citations sur la victime?

18.3.09

André: Tout vient à point à qui sait se pendre. Inutile de les alarmer au milieu de la nuit. Eux aussi, travaillent. Tenons-nous-en au plan.
Balthazar: Calme-toi. T aussi nerveux qu'un puceau devant une star porno. Bois ton Glendronach & apprécie-le. Les autres sont au courant?
André: Crois-tu qu'ils nous ont vus? Crois-tu qu'elle leur a fait peur? Le studio était-il assez à l'envers? Et le corps, assez mutilé?
Les deux hommes ne se parlent pas. Ils s'écrivent. Stanton Moore crie dans son saxophone un jazz arabisant, beau comme un meurtre doux.
Headhunters. Lettuce. Soulive. Christian McBride. The Philadelphia Experiment. Medeski, Martin & Wood. SloSco. Roy Hargrove. The real shit.
Deux hommes boivent à petites gorgées, avec raffinement. Ils écrivent sur leur ordinateur respectif. Musique jazz funky. Charlie Hunter.
Une pièce bien éclairée. Une bibliothèque. Pleine. Une table. Deux chaises. Une bouteille de Glendronach 25 ans. Deux verres.

17.3.09

Buboneka - Premier chapitre

L'horreur était patente lorsque Jack ouvrit la porte : le corps de Lucie était démembré et baignait dans une mare de sang opaque.

L'appart de Lucie proposait un désordre futuriste que seul un artiste déviant aurait pu concevoir.

Mais il était clair que ce fouillis n'avait pas été conçu de façon naturelle, mais bien par un agent externe.

Assiettes collées aux murs. Bibelots morcelés. Ordinateurs déconstruits. Bouteilles cassées. Documents déchiquetés. La totale, quoi.

Fasciné par cette étrange géométrie des choses, Jack osait à peine avancer. Sa pupille dilatée n'arrivait pas encore à percer l'obscurité.

Il tâta l'air du bout de ses doigts aveugles puis, se ravisant, sortit une clope de son blouson et la fit crépiter en douceur. Buée bleue.

La fumée semblait trancher l'opacité de l'air ambiant. Un souffle froid lui chatouillait le cou quand son téléphone chanta un air wagnérien.

-- Jack, du neuf? Est-ce que c'est autant le bordel que la dernière fois? demandait Tommy Jones. Il parlait des meurtres survenus sur Clarke.

Jack : Ouaip. L'appart est tout décrissé. Une vraie soue à cochons. Et la même aura inexplicable, genre de lumière qui vient de nulle part.

Tommy : Qu'est-ce que t'en penses, le corps est encore...

Jack : Ouaip. Pareil. Impossible à identifier. Pas de dents, pas d'empreintes digitales. Le même cauchemar pour les spécialistes de l'ADN.

Tommy : Tu veux que j'aille te rejoindre? J'enfile mes jeans pis je passe au Tim te ramener un bon noir pas de sucre.

Jack : Laisse faire. Yé tard. T'as une belle femme couchée à côté de toi qui veut encore te coller. J'vais me débrouiller. Reste chez vous.

Tommy : Ben justement. Dahlia m'a crissé là. Partie sans rien dire. Pris ses clics pis ses claques pis a clearé la place. C toé ou Molson...

Jack : Comment tu fais pour toutes les perdre de même? La mienne est morte, pouvais pas faire grand-chose contre ça. Ramène ton cul, loser.

Dahlia : Salut Jack, t'as 2 minutes? Je sais vraiment plus quoi faire. Tommy est weird depuis les meurtres sur Clarke. Il pense juste à ça.

Jack: Dahlia! Putain t'es où? Tommy capote. C'est pas pcq un gars a une mauvaise passe qu'il faut le crisser là! Donne-lui une autre chance.

Dahlia: Tommy a pas juste changé. Il fixe le vide pendant des heures. Je lui parle & il entend rien. Yé constamment en transe, c freakant.

Jack : En transe? Qu'est-ce que tu racontes! Tu vas pas faire une crise parce qu'il s'en roule un à la fin de la journée!

Dahlia: Non, tu comprends pas... C'est pas ça... C'est plus grave. Je suis inquiète... Je sais plus quoi faire. Son regard...

Dahlia: L'autre soir... j'arrive du travail... je descend au sous-sol pour lui parler pis y'était là... encore couché sur le plancher...

Jack: Du calme, du calme! Reprends du début. Tommy est en transe!? Qu'est-ce que tu veux dire? Il répond plus?

Dahlia: On aurait dit qu'il lévitait les yeux grands ouverts. Je l'ai jamais vu de même, Jack! Faut que je te vois! Au Triple Sec à 10h ok?

Un bruit sourd venait de résonner du fond du couloir. Jack mit la main sur son Beretta 92, contourna le corps et s'avanca tranquillement.

Jack: Impossible! Tommy est en chemin. Il me semblait tout à fait normal. Un peu décrissé, mais... Attends! Je te rappelle!

Jack (marmonnant): Encore un de ces putains de maraudeurs! Ne pas perdre le corps de vue. Faut pas qu'il se fasse voler cette fois..

Le corps encore frais de la dernière victime avait été dérobé à la morgue quelques heures après sa découverte.

On avait retrouvé dans la bouche de la victime une citation, une sorte d'aphorisme dûment signé du nom de son auteur: Balthazar.

"Ce n'est qu'une pensée, mais une pensée qui glace la moelle même de nos os et la pénètre des féroces délices de son horreur." - Balthazar

Jack longeait le mur ouest de l'appart tout en marmonnant cette phrase de l'étonnant Balthazar. On aurait dit un truc sortit d'une série B.

Une ombre traversa le corridor en face de lui, du sud au nord, et un boom lourd retentit entre les 4 murs du studio sans dessus dessous.

Jack tenta de suivre l'ombre mais entendit un crac liquide qui lui glaça les sangs, comme s'il avait écrasé une gigantesque coquerelle.

Il souleva son pied tranquillement, apeuré par ce qu'il aurait pu liquider d'un coup de talon. Mais ce qu'il vit le surprit : des lettres.

Il prit sa lampe de poche pour éclairer le plancher. Une autre phase insolite l'y narguait. Elle n'était pas de Balthazar, mais d'André.

"Il se peut que la vie demande à être déchiffrée comme un cryptogramme." André. Jack se gratta la tête puis sentit le parfum d'une femme.

Il se rappela feue Naïma, sa femme. Il retint une larme, moucha son nez du revers de sa main, puis vit le visage d'une femme, flottant.

Il braqua son Beretta en beuglant "bouge pas connasse!" mais déjà, le visage se désagrégeait en gouttes de sang pour inonder le plancher.

Étourdi, Jack se frotta les yeux en tentant de s'expliquer cette apparition. Il se pencha au-dessus de la petite flaque écarlate.

Cette matière visqueuse si familière lui donna un haut-le-coeur. Du sang! toujours du sang! Mènerait-il jamais une vie normale?

Il retira spontanément son briquet de sa poche de derrière et fit briller une flamme au-dessus du sang. Le liquide lui renvoya son reflet.

Miroir mouvant des ses derniers mois, il contemplait un visage aux traits tirés, ravagé par l'insomnie, la solitude, les stupéfiants.

Perdu dans ses pensées, il eut à peine le temps de remarquer le reflet d'un visage qui se superposait sur son propre reflet...

Sans broncher, il dégaina son Beretta et se jeta sur le côté en pointant la mire de son revolver sur le nez de son assaillant!

Tommy le regardait d'un air sardonique. "Dis donc, Dracula! on s'amuse dans les restes humains! Tu m'en laisseras bien une petite gorgée."

Jack: Espèce de couillon! J'tavais averti de plus me faire ce genre de coup! J'ai le coeur dans le fond de la gorge!

Tommy: Qui s'est éclaté sur le sol? Une autre victime? Je croyais qu'il n'y avait qu'un seul corps...
Bold
Jack: Je crois que je suis fatigué... J'ai vu quelque chose... Une femme... Superbe.. Et puis... Plus rien... Elle s'est... comment dire...

(Un temps)

Jack : désintégrée...

Tommy: Bon. Assez joué. Je ne veux pas me retrouver avec un deuxième corps sur les bras. J'appelle les flics et on file en douce.

Jack: Tu déconnes! On vas pas laisser tomber comme ça. J'ai trouvé quelque chose. Une piste. Une citation. Une énigme. Tiens! Lis toi-même.

16.3.09

Jack: Tu déconnes! On vas pas laisser tomber comme ça. J'ai trouvé quelque chose. Une piste. Une citation. Une énigme. Tiens! Lis toi-même.
Tommy: Bon. Assez joué. Je ne veux pas me retrouver avec un deuxième corps sur les bras. J'appelle les flics et on file en douce.
Jack : désintégrée...
Jack: Je crois que je suis fatigué... J'ai vu quelque chose... Une femme... Superbe.. Et puis... Plus rien... Elle s'est... comment dire...
Tommy: Qui s'est éclaté sur le sol? Une autre victime? Je croyais qu'il n'y avait qu'un seul corps...
Jack: Espèce de couillon! J'tavais averti de plus me faire ce genre de coup! J'ai le coeur dans le fond de la gorge!
Tommy le regardait d'un air sardonique. "Dis donc, Dracula! on s'amuse dans les restes humains! Tu m'en laisseras bien une petite gorgée."
Sans broncher, il dégaina son Beretta et se jeta sur le côté en pointant la mire de son revolver sur le nez de son assaillant!
Perdu dans ses pensées, il eut à peine le temps de remarquer le reflet d'un visage qui se superposait sur son propre reflet...
Miroir mouvant des ses derniers mois, il contemplait un visage aux traits tirés, ravagé par l'insomnie, la solitude, les stupéfiants.
Il retira spontanément son briquet de sa poche de derrière et fit briller une flamme au-dessus du sang. Le liquide lui renvoya son reflet.
Cette matière visqueuse si familière lui donna un haut-le-coeur. Du sang! toujours du sang! Mènerait-il jamais une vie normale?
Étourdi, Jack se frotta les yeux en tentant de s'expliquer cette apparition. Il se pencha au-dessus de la petite flaque écarlate.

15.3.09

Il braqua son Beretta en beuglant "bouge pas connasse!" mais déjà, le visage se désagrégeait en gouttes de sang pour inonder le plancher.
Il se rappela feue Naïma, sa femme. Il retint une larme, moucha son nez du revers de sa main, puis vit le visage d'une femme, flottant.
"Il se peut que la vie demande à être déchiffrée comme un cryptogramme." André. Jack se gratta la tête puis sentit le parfum d'une femme.
Il prit sa lampe de poche pour éclairer le plancher. Une autre phase insolite l'y narguait. Elle n'était pas de Balthazar, mais d'André.
Il souleva son pied tranquillement, apeuré par ce qu'il aurait pu liquider d'un coup de talon. Mais ce qu'il vit le surprit : des lettres.
Jack tenta de suivre l'ombre mais entendit un crac liquide qui lui glaça les sangs, comme s'il avait écrasé une gigantesque coquerelle.
Une ombre traversa le corridor en face de lui, du sud au nord, et un boom lourd retentit entre les 4 murs du studio sans dessus dessous.
Jack longeait le mur ouest de l'appart tout en marmonnant cette phrase de l'étonnant Balthazar. On aurait dit un truc sortit d'une série B.

13.3.09

"Ce n'est qu'une pensée, mais une pensée qui glace la moelle même de nos os et la pénètre des féroces délices de son horreur." - Balthazar
On avait retrouvé dans la bouche de la victime une citation, une sorte d'aphorisme dûment signé du nom de son auteur : Balthazar.
Le corps encore frais de la dernière victime avait été dérobé à la morgue quelques heures après sa découverte.
Jack (marmonnant) : Encore un de ces putains de maraudeurs! Ne pas perdre le corps de vue. Faut pas qu'il se fasse voler cette fois...
Jack: Impossible! Tommy est en chemin. Il me semblait tout à fait normal. Un peu décrissé, mais... Attends! Je te rappelle!
Un bruit sourd venait de résonner du fond du couloir. Jack mit la main sur son Beretta 92, contourna le corps et s'avanca tranquillement.
Dahlia: On aurait dit qu'il lévitait les yeux grands ouverts. Je l'ai jamais vu de même, Jack! Faut que je te vois! Au Triple Sec à 10h ok?
Jack: Du calme, du calme! Reprends du début. Tommy est en transe!? Qu'est-ce que tu veux dire? Il répond plus?
Dahlia: L'autre soir... j'arrive du travail... je descend au sous-sol pour lui parler pis y'était là... encore couché sur le plancher...
Dahlia: Non, tu comprends pas... C'est pas ça... C'est plus grave. Je suis inquiète... Je sais plus quoi faire. Son regard...
Jack : En transe? Qu'est-ce que tu racontes! Tu vas pas faire une crise parce qu'il s'en roule un à la fin de la journée!
Dahlia: Tommy a pas juste changé. Il fixe le vide pendant des heures.
Je lui parle & il entend rien. Yé constamment en transe, c freakant.
Jack: Dahlia! Putain t'es où? Tommy capote. C'est pas pcq un gars a
une mauvaise passe qu'il faut le crisser là! Donne-lui une autre
chance.
Dahlia : Salut Jack, t'as 2 minutes? Je sais vraiment plus quoi faire. Tommy est weird depuis les meurtres sur Clarke. Il pense juste à ça.

12.3.09

Jack : Comment tu fais pour toutes les perdre de même? La mienne est morte, pouvais pas faire grand-chose contre ça. Ramène ton cul, loser.
Tommy : Ben justement. Dahlia m'a crissé là. Partie sans rien dire. Pris ses clics pis ses claques pis a clearé la place. C toé ou Molson...
Jack : Laisse faire. Yé tard. T'as une belle femme couchée à côté de toi qui veut encore te coller. J'vais me débrouiller. Reste chez vous.
Tommy : Tu veux que j'aille te rejoindre? J'enfile mes jeans pis je passe au Tim te ramener un bon noir pas de sucre.
Jack : Ouaip. Pareil. Impossible à identifier. Pas de dents, pas d'empreintes digitales. Le même cauchemar pour les spécialistes de l'ADN.
Tommy : Qu'est-ce que t'en penses, le corps est encore...
Jack : Ouaip. L'appart est tout décrissé. Une vraie soue à cochons. Et la même aura inexplicable, genre de lumière qui vient de nulle part.
- Jack, du neuf? Est-ce que c'est autant le bordel que la dernière fois? demandait Tommy Jones. Il parlait des meurtres survenus sur Clarke.
La fumée semblait trancher l'opacité de l'air ambiant. Un souffle froid lui chatouillait le cou quand son téléphone chanta un air wagnérien.
Il tâta l'air du bout de ses doigts aveugles puis, se ravisant, sortit une clope de son blouson et la fit crépiter en douceur. Buée bleue.
Fasciné par cette étrange géométrie des choses, Jack osait à peine avancer. Sa pupille dilatée n'arrivait pas encore à percer l'obscurité.
Assiettes collées aux murs. Bibelots morcelés. Ordinateurs
déconstruits. Bouteilles cassées. Documents déchiquetés. La totale,
quoi.
Mais il était clair que ce fouillis n'avait pas été conçu de façon
naturelle, mais bien par un agent externe.
L'appart de Lucie proposait un désordre futuriste que seul un artiste
déviant aurait pu concevoir.
L'horreur était patente lorsque Jack ouvrit la porte : le corps de
Lucie était démembré et baignait dans une mare de sang opaque.